Les sites internet de l'Etat sénégalais ont été touchés vendredi soir par une cyberattaque, dans un contexte de forte crispation politique à neuf mois de la présidentielle. Un compte @MysteriousTeamO se réclamant du groupe de pirates informatiques Anonymous a revendiqué sur les réseaux sociaux avoir paralysé les sites de la présidence et ceux utilisant le domaine gouv.sn, comme celui du gouvernement ou des ministères des Forces armées et de la Santé. Ces sites étaient à nouveau opérationnels samedi matin. @MysteriousTeamO se dit « solidaire » des citoyens sénégalais et de leur droit à choisir librement leur président. Le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana a reconnu l'existence de l'attaque consistant à « submerger un réseau avec des quantités massives de trafic saturant la bande passante ». L'organisme gérant le domaine a mobilisé ses équipes pour un retour à la normale « dans les plus brefs délais », a-t-il dit dans un communiqué. Cette attaque intervient dans un climat politique tendu. L'opposition dénonce la répression grandissante exercée selon elle par le gouvernement du président Macky Sall. L'incertitude maintenue par ce dernier sur sa candidature ou non à un troisième mandat, ainsi que le sort politico-judiciaire de l'opposant Ousmane Sonko alimentent les tensions. Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle en 2019 et candidat déclaré à celle de 2024, risque de perdre son éligibilité. Une chambre criminelle doit rendre le 1er juin un verdict très attendu dans un procès contre lui. Il a refusé de comparaître, criant au complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle. Retranché dans le sud du pays au moment du procès, M. Sonko a entamé vendredi un retour à hauts risques à Dakar, un voyage de plusieurs centaines de kilomètres par la route dont il entend faire une « caravane de la liberté » et une démonstration de force. Des heurts ont été rapportés par la presse entre ses sympathisants et les forces de sécurité autour de son arrivée à Kolda (sud), encore très loin de Dakar. Le gouvernement réfute toute instrumentalisation de la justice et tout tour de vis répressif. Le camp présidentiel accuse M. Sonko de se servir de la rue pour échapper à la justice.