Alors que plusieurs milliers de partisans de l'opposition sénégalaise se sont rassemblés mardi à Dakar, le préfet de la capitale a annoncé, mercredi 15 mars, interdire des marches annoncées dans le pays, la veille du procès prévu d'un de ses chefs, Ousmane Sonko. Les manifestations dans les autres villes sont, en revanche, autorisées, sauf à Fatick, fief du président Sall. Des sources médiatiques évoquent une atmosphère de tension, qui survient à moins d'un an de la présidentielle au Sénégal. Les dossiers judiciaires ouverts contre l'opposant Ousmane Sonko et l'hypothèque qu'ils font peser sur sa candidature à la présidentielle sont sources de crispations, tout comme le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat. Hier, Ousmane Sonko était le dernier leader de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW, Libérons le peuple) à s'exprimer. Dans le quartier populaire de la capitale où se tenait le meeting, des militants ont afflué tout l'après-midi. Les propriétaires des échoppes et magasins environnants ont tous fermé boutique par sécurité. Les autorités ont autorisé le meeting alors que l'opposition avait prévenu qu'elle passerait outre à une éventuelle interdiction. Plusieurs de ses manifestations ont été interdites ces derniers mois. La mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à déclencher des émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts. M. Sonko réfute les accusations de viols et crie au complot pour l'éliminer politiquement. La justice l'a renvoyé devant un tribunal pour un procès à une date non déterminée. Il est dans une affaire distincte poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, pour diffamation, injures et faux. Son procès est prévu jeudi. Ces deux procédures pourraient sceller sa candidature à la présidentielle de 2024, les textes prévoyant une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation. M. Sonko, 48 ans, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Il pilonne l'emprise économique et politique exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française et les multinationales.