L'opposant sénégalais, Ousmane Sonko, chef du Parti Pastef, accusé dans deux affaires par la justice, a indiqué dimanche soir qu'il ne répondrait plus aux convocations des juges et qu'il a pris la décision de « ne plus collaborer avec la justice ». Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, a invoqué les incidents auxquels ont donné lieu ses déplacements au tribunal de Dakar à l'occasion de ses deux procès. « On n'a jamais vu dans le monde entier un citoyen convoqué au tribunal et qui s'y rend, faire l'objet d'autant d'acharnement, d'autant de brutalité et de tentative presque de liquidation physique », a dit Sonko dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux et relayée par des médias locaux. »J'ai même fait l'objet d'une agression dans l'enceinte du tribunal. C'est pourquoi j'ai pris la décision [...] de ne plus collaborer avec cette justice'', a ajouté Sonko. « Ce n'est plus de la justice, …. c'est pourquoi j'ai pris la décision, toujours dans le cadre de ma campagne de désobéissance civile, de ne plus collaborer avec cette justice », a-t-il déclaré sur sa page Facebook. « Si la justice, si l'Etat ne peuvent pas garantir le minimum de sécurité (…), je ne me présenterai plus devant cette justice pour répondre à quoi que ce soit », a déclaré le maire actuel de Ziguinchor (sud), poursuivi depuis 2021 dans une affaire de « viols présumés » et « menace de morts » contre une employée d'un salon de beauté. L'audience est fixée le 16 mai courant. M. Sonko, qui est placé sous contrôle judiciaire depuis plus de deux ans, dans le cadre de l'instruction de cette affaire, nie les accusations de la plaignante Adji Sarr. ''Même dans l'enceinte du tribunal, je ne suis pas en sécurité. Au même moment, on permet au plaignant de se rendre au tribunal avec ses propres gardes du corps et ses militants'', a justifié Ousmane Sonko. Le leader du parti Pastef, et membre de la coalition de l'opposition, Yewwi Askan Wi (libérer le peuple en Wolof) , est poursuivi aussi dans une autre affaire par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, pour « diffamation, injures et faux ». Sonko avait été condamné le 30 mars en première instance à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300.000 euros) de dommages et intérêts. Le procès en appel aura lieur ce lundi. Son éligibilité pour la présidentielle de 2024 pourrait être remise en cause par une condamnation plus lourde en deuxième instance. Sonko, 48 ans, arrivé troisième à la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à l'élection présidentielle du 25 février 2024, doit comparaitre ce lundi 8 mai en appel, dans le cadre du procès en « diffamation » contre le ministre du Tourisme , Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel. Ce dernier lui reprochait d'avoir déclaré qu'il avait été épinglé par un rapport d'une institution de contrôle pour sa gestion d'un fonds pour l'emploi des jeunes. A rappeler qu'en 2021, son interpellation alors qu'il se rendait au tribunal dans l'affaire de « viols présumés », avait contribué à déclencher plusieurs jours d'émeutes qui avaient fait des victimes. Il y'a lieu de signaler que Ousmane Sonko a rejeté tout dialogue demandé par le président Macky Sall à toutes les forces vives de la nation, en prévision de la prochaine élection présidentielle. L'élection présidentielle aura lieu au Sénégal le dimanche 25 février 2024. Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, n'a pas encore dévoilé son intention de se porter candidat pour un 3-ème mandat.