Sachant que les Algériens diront toujours de la France pis que pendre, Paris leur joue souvent le mauvais tour de prendre les devants. Mais cette fois, le gouvernement d'Emmanuel Macron a misé faux. Amina Bouraoui, bête noire du régime algérien, a été délivrée de la rigoureuse captivité qui lui a été imposée dans son pays, non sans provoquer un séisme politique. «Amira Bouraoui (…) s'est envolée pour Lyon dans un avion au logo vert, laissant derrière elle la poussière d'une bagarre, une carrière défaite et des plaies ravivées», raconte Le Point à propos du dernier psychodrame entre Paris et Alger, qui implique aussi Tunis. «Première victime : Othman Jerandi. Le ministre tunisien des Affaires étrangères a été démis de ses fonctions par le président Saïed, qu'il a pourtant servi avec zèle pendant trois ans et demi. Son remplaçant, Nabil Ammar, prêtait serment dans les deux heures. Seconde victime, la relation franco-algérienne. Certes, elle n'est plus à un accroc près, tant elle a été ravaudée, effilochée... Un patchwork de fils, de coutures et de cicatrices. Troisième victime : la Tunisie. Après qu'elle a été morigénée par son voisin algérien, les témoignages de harcèlements douaniers envers les ressortissants tunisiens ont afflué», relate le magazine français. Le Point reconnaît que «depuis son arrivée au pouvoir, Kaïs Saïed a troqué la légendaire neutralité de Tunis, au point de se brouiller avec le Maroc. Les deux pays n'ont plus d'ambassadeur, chacun ayant rappelé le sien. Se fâcher avec Alger pourrait lui en cuire (elle l'approvisionne en énergie). Plus au nord, en France, l'incident fait que deux importantes chancelleries du Maghreb sont désormais vacantes : celles du Maroc et de l'Algérie. Si les chargés d'affaires font tourner les boutiques, l'impasse diplomatique est réelle.» Officieusement, guerre de services ? Pour le magazine, tout n'est «qu'une guerre entre services !», évoquant le dernier coup de sang de l'APS, l'agence de presse officielle algérienne, avec une «dépêche» titrée «Les barbouzes français cherchent la rupture définitive avec l'Algérie» et précisant : «Tout le monde sait qu'au niveau de la DGSE française il y a une feuille de route pour mettre à mal la relation algéro-française. Cette feuille de route est exécutée par les barbouzes et les khabardji, et certains responsables au niveau de la DGSE, du Quai d'Orsay et certains conseillers franco-algériens qui ne cachent pas leur amour et leur vénération pour le Makhzen.» Pour Le Point, «le soft power marocain, l'habileté de ses élites, mix de charme, d'érudition et d'élégance (…) perdure dans les échanges quotidiens entre entreprises, cénacles mais [il est] fini à un plus haut niveau. Malgré elle, la France est prise au piège du conflit entre l'Algérie et le Maroc.»