La France a défendu sa position dans l'affaire de l'exfiltration de la franco-algérienne, Amira Bouraoui, malgré la colère noire de l'Algérie. « Les autorités françaises exercent leur protection consulaire », a répondu sèchement Paris à Alger. La rapidité de la montée de la colère d'Alger et ses répercussions jusqu'en Tunisie dans l'affaire de l'exfiltration de l'opposante et chroniqueuse à Radio M, signifie le degré de l'instabilité des relations nouvellement très amicales avec la France. Fin 2022, les premiers signes d'une nouvelle page inédite dans les relations entre les deux pays se faisaient sentir avec le déplacement du président français Emmanuel Macron ainsi qu'une quinzaine de ministres. Début 2023, la relation de plus en plus amicale et les signes d'un partenariat militaire cette fois ont été révélés avec le déplacement du chef d'état major de l'armée, Said Chengriha à Paris pour rencontrer son homologue et le président Macron. Les gros titres des journaux ont parlé de cette nouvelle relation en long et en large, et des réserves ont été exprimées par de fins connaisseurs des deux pays pays, alertant sur le caractère très fugace et circonstanciel de ce partenariat franco-algérien. L'exfiltration de l'opposante Amira Bouraoui, médecin de formation, a démontré que les analystes les plus sceptiques concernant la relation Paris-Alger avaient tout à fait raison. L'Algérie a voulu montrer la gravité des faits en réagissant à la fois par le biais de son ministère des Affaires étrangères et par un communiqué de la présidence algérienne. La Tunisie par laquelle Amira Bouraoui a transité a été contrainte de faire profil bas devant son principal bailleur de fonds. Le président tunisien, est même allé jusqu'à limoger son ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi. La France de son côté, a tenu tête et a défendu le bien fondé de son action, en rappelant qu'il s'agit d'une ressortissante française malgré le rappel avec effet « immédiat » de l'ambassadeur algérien à Paris. « C'est une décision algérienne qu'il ne m'appartient pas de commenter », a simplement répondu François Delmas, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères après avoir été interrogé sur le sujet du rappel d'ambassadeur. « Pour notre part, nous entendons continuer à travailler à l'approfondissement de notre relation bilatérale », a-t-il ajouté. Le porte parole a estimé que la réaction de la Tunisie était une « situation individuelle » sans en dire plus, et a soutenu que l'opération qui s'est déroulée grâce au consulat français de Tunis était une « procédure qui ne ressort d'aucune manière de l'ordinaire » puisqu'Amira Bouraoui est une ressortissante française et « qu'à ce titre, les autorités françaises exercent leur protection consulaire ». Alors que beaucoup parlent d'un « retour à la case départ » entre l'Algérie et la France, les relations personnelles entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont pour leur part résisté à plusieurs ouragans qui auraient pu créer des crises diplomatiques graves entre les deux pays, et où la colère de façade d'Alger n'est pas allée bien loin. Ce nouvel épisode a tout l'air d'être une histoire qui se répète.