L'Algérie a rappelé mercredi 8 février «pour consultations» son ambassadeur en France pour protester contre «l'exfiltration illégale» via la Tunisie de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui. Mais avant cette annonce, on a appris que les autorités algériennes ont réclamé la tête du chef de la diplomatie tunisienne, responsable selon elles de cet événement. Le président tunisien Kaïs Saïeda décidé, le 8 février, le limogeage du ministre des Affaires étrangères Othman Jerandi, qui est le quatrième ministre à perdre son poste depuis le début de l'année dans un contexte politique tendu dans le pays. La présidence a fait état, sur son site officiel, du remplacement de M. Jerandi, en fonction depuis septembre 2020, par Nabil Ammar, ambassadeur de la Tunisie auprès de l'Union européenne. Barlamane.com a pu, auprès de ses sources, cerner les raisons de cette décision qui concerne pour la première fois un ministère régalien. «Othman Jerandi a été destitué par le président tunisien Kaïs Saïed sur injonction des autorités algériennes, lesquelles n'ont pas apprécié la libération de l'opposante franco-algérienne Amira Bouraoui, qui devait être expulsée vers l'Algérie. Cette dernière a pu quitter le pays grâce à l'intervention de Paris», a-t-on appris. La militante a été arrêtée en Tunisie et a failli être expulsée vers l'Algérie, avant de se trouver «sous la protection des autorités françaises», «libre et en bonne santé», selon son entourage. «Après son arrestation à l'aéroport de Tunis, d'où elle comptait rejoindre son fils établi à Lyon, Amira Bouraoui qui est naturalisée française depuis 2007, a contacté l'ambassade de France à Tunis qui, à son tour, a saisi le ministère des affaires étrangères tunisien pour obtenir l'annulation de son extradition vers l'Algérie» pointent nos sources. «Cette démarche, qui n'a pas été du goût des autorités algériennes, les a poussées à protester auprès du chef de l'Etat tunisien qui, pour faire amende honorable et plaire à ses bienfaiteurs algériens a, illico presto, décidé de limoger son ministre», poursuivent les sources de Barlamane.com. L'Algérie a rejeté la protection accordée par la France à Amira Bouraoui comme «inadmissible et inqualifiable» qui cause «un grand dommage» aux relations algéro-françaises, selon une note publiée le 8 février. Un journal officiel dénoncé, dans un éditorial, un acte «très inamical» envers l'Algérie et la Tunisie.