L'histoire est d'une risibilité absolue : le chef d'une milice armée reçu, à sa descente d'avion (algérien) par le président tunisien, Kaïs Saïed, au même titre que les présidents et chefs de gouvernement venus assister au sommet Japon-Afrique (Ticad). Une mise en scène orchestrée par le régime algérien qui profite des faiblesses d'une Tunisie dans la tourmente d'une crise politique et économique. Selon le journal Le Monde, le «geste protocolaire» du président Saïed démontre un fait très grave : la servilité tunisienne à l'égard des injections algériennes. Le quotidien rappelle que «la position du Maroc par rapport à l'accueil grave et inacceptable» du chef de la «milice séparatiste» du Front Polissario par le président tunisien «reste inchangée», propos de Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine. En annonçant le rappel de son ambassadeur, Tunis a voulu éteindre l'incendie en annonçant avoir «maintenu sa totale neutralité sur la question du Sahara dans le respect de la légitimité internationale», prônant une «solution pacifique et acceptable par tous». «La Tunisie respecte les résolutions des Nations unies et celle de l'Union africaine», a précisé le ministère des affaires étrangères tunisien. Des mots que Rabat considère comme vains et sans aucune portée réelle «La Tunisie a clairement perdu sa souveraineté en matière de politique étrangère, déplore Nizar Derdabi, ancien officier supérieur de la gendarmerie royale et expert en question de sécurité, cité par le journal. Il est clair que le régime algérien lui dicte désormais sa volonté, en tout cas sur le dossier du Sahara.» Le journal évoque également le «coup de Gafsa» en 1980 – «une tentative d'insurrection dans le Sud tunisien orchestrée de Libye avec la complicité d'Alger –, le Maroc avait fourni à Tunis une aide militaire en appoint de celle de la France.» «Et en 2014, alors que l'inquiétude montait sur la fragilité de la Tunisie post-révolutionnaire, le roi Mohammed VI s'était promené dans les rues de Tunis dans un geste visant à rassurer sur la stabilité du pays», souligne-t-on. «Au fil des mois, la Tunisie au bord de la banqueroute financière a fini par accéder à certaines requêtes de l'Algérie, laquelle s'est montrée plus généreuse – débloquant fin 2021 un prêt de 300 millions de dollars», dit Le Monde, mais, comme nous l'avions indiqué, aucune preuve n'indiqué que cette somme a été injecté dans la trésorerie tunisienne. «Dans ce contexte, la Tunisie accorda un joli cadeau diplomatique à Alger en s'abstenant en octobre 2021 – aux côtés des Russes – lors du vote d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies relative au Sahara», a-t-on pointé, mettant en évidence le cauchemar algérien de voir la Tunisie céder aux sirènes d'un établissement des relations à Tel-Aviv. «À Alger, on pense qu'il ne faut surtout pas laisser la Tunisie aller dans ce sens », rapporte un Tunisien s'étant récemment entretenu de ce sujet avec des officiels algériens. L'information rapportée en juin par le quotidien israélien Israel Hayom sur l'existence de «contacts diplomatiques entre la Tunisie et Israël» – non précisés – a conforté l'appréhension des Algériens, évoque-t-on. «Aussi ces derniers ont-ils continué d'actionner deux moyens de pression afin de sécuriser le verrou tunisien. En premier lieu, l'arme du gaz algérien dont la Tunisie tire 99 % de son électricité. Et, en second lieu, la fermeture de la frontière pénalisant lourdement l'économie tunisienne, en particulier le secteur touristique», rapporte Le Monde. «L'événement a marqué un tournant. Les Algériens ont-ils obtenu ce qu'ils attendaient de Kaïs Saïed ? Il y a tout lieu de le penser au regard des gestes qui ont suivi. Alger rouvrait le 15 juillet la frontière, sauvant ainsi la saison touristique tunisienne, et livrait le 21 juillet à Tunis l'ancien chef des services secrets tunisiens, Lazhar Longo, en fuite sur le sol algérien. La qualité de l'accueil du chef du Polisario réservé à Tunis le 26 août marquerait-elle ainsi une réciprocité tunisienne à la subite sollicitude algérienne ?», se demande le journal français.