Le chef du Hezbollah libanais a haussé le ton mardi 9 août contre Israël à propos des eaux contestées entre les deux pays en Méditerranée orientale, où la découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers a attisé les contentieux frontaliers. Le Liban et Israël, deux pays voisins officiellement toujours en état de guerre, mènent des négociations inédites par l'intermédiaire de Washington pour régler leur différend frontalier et lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures. Il faut que «le pétrole, le gaz et l'eau du Liban restent à lui, et que personne ne soit autorisé à piller ses richesses», a affirmé Hassan Nasrallah dans un discours télévisé à l'occasion de l'Achoura, importante commémoration religieuse chiite. «La main qui touchera à nos richesses sera coupée», a-t-il martelé. Lancées en octobre 2020, les négociations sur les frontières maritimes ont porté initialement sur une zone de 860 km2, conformément aux revendications libanaises enregistrées auprès de l'ONU en 2011. Mais le Liban a ensuite dit vouloir réclamer un droit supplémentaire sur 1430 km2, qui comprend une partie du champ gazier de Karish. Pour Israël, ce champ se trouve dans sa zone économique exclusive (ZEE) reconnue par l'ONU. Les pourparlers ont été suspendus en mai 2021. Les discussions ont repris cet été à la demande du Liban, des tensions ayant surgi avec l'arrivée début juin d'un navire sur le champ controversé de Karish qui devait commencer à l'exploiter pour le compte d'Israël. Depuis, le Hezbollah, puissant mouvement armé qui domine la vie politique au Liban, a mis en garde à plusieurs reprises Israël contre toute activité dans le champ de Karish. Début juillet, l'armée israélienne a intercepté trois drones non armés envoyés par le Hezbollah vers Karish. Fin juillet, le Hezbollah a publié une courte vidéo montrant, selon lui, des images prises par un drone à deux dates différentes montrant plusieurs navires affrétés par Israël. Hassan Nasrallah avait en outre averti que si on empêchait le Liban d'extraire du pétrole et du gaz de ses eaux, «personne» ne pourrait en extraire ou en vendre. Début août, le médiateur américain Amos Hochstein s'est dit «optimiste» quant à la possibilité d'un accord, la «meilleure et seule façon d'y parvenir (…) étant les négociations et la diplomatie.» «Nous attendons ce qu'apporteront les réponses aux revendications de l'Etat libanais, dans les prochains jours», a encore dit mardi Hassan Nasrallah. «Mais nous devons être prêts et préparés pour toutes les possibilités», a-t-il prévenu.