Vivant en France et farouche critique du coup de force de l'actuel chef de l'Etat Kaïs Saïed, Moncef Marzouki a été condamné in absentia à 4 ans de prison fin 2021. L'ancien président tunisien Moncef Marzouki a appelé, vendredi 14 janvier, à la mise en accusation du président Kaïs Saïed pour «haute trahison» et «attentat à la Constitution», mettant en cause la soumission du président tunisien vers des parties étrangères. M. Marzouki, farouche opposant du président actuel, a été reconnu coupable fin 2021 d'avoir «porté atteinte à la sûreté de l'Etat à l'étranger» et de lui avoir causé un «préjudice diplomatique». Il a été condamné in absentia à quatre ans de prison, a indiqué une source judiciaire. Un juge tunisien avait émis début novembre un mandat d'amener international contre M. Marzouki, deux semaines après une demande du président Saïed à la justice tunisienne d'ouvrir une enquête sur des déclarations de l'ancien président et de retirer son passeport diplomatique à celui qui figure à ses yeux «parmi les ennemis de la Tunisie». Ce vendredi, plusieurs centaines de personnes ont bravé un important dispositif de sécurité et l'interdiction de manifester prise dans le cadre de mesures sanitaires, vendredi 14 janvier, pour marquer leur opposition au président Kaïs Saïed. Un imposant dispositif policier a été mis en place pour empêcher les manifestants d'accéder à l'artère principale de la capitale, l'avenue Habib-Bourguiba. Des manifestants ayant réussi à briser le cordon policier ont été dispersés à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Une cinquantaine de personnes sont parvenues à se rapprocher des bâtiments du ministère de l'intérieur, dans une rue adjacente à l'avenue Habib-Bourguiba. Plusieurs partis politiques, dont la formation d'inspiration islamiste Ennahda, avaient annoncé le maintien de leurs rassemblements vendredi. Ennahda, dans le viseur du président Saïed – qui a suspendu le Parlement que ce parti contrôlait depuis une dizaine d'années –, a affirmé «refuser l'instrumentalisation politique de la situation sanitaire pour anéantir ce qui reste des droits et libertés fondamentales». Ces manifestations surviennent alors que les tensions entre le parti d'Ennahda et M. Saïed, déjà très vives depuis le coup de force de juillet, sont montées d'un cran après l'arrestation, le 31 décembre, et l'hospitalisation sous surveillance policière de l'un des hommes forts du parti, l'ancien ministre de la justice Noureddine Bhiri.