Après quelques mois d'accalmie, la répression semble faire son retour en Tunisie. En effet, la commémoration de la journée des « martyrs » sur l'avenue Bourguiba, lundi, s'est soldée par une répression brutale des manifestants par la police. Des scènes de violence qui rappellent les méthodes employées par l'ancien régime dirigé par Ben Ali. En effet, prenant pour prétexte l'interdiction de manifester sur cette artère de Tunis, symbole de la révolution du « Jasmin », les forces de l'ordre se sont ruées sur les manifestants à coup de matraque et de jet de gaz lacrymogène. « Si après la révolution on se fait matraquer parce que nous appelons à la liberté, ça veut dire que nous sommes dans une contre-révolution. On nous a interdit l'accès à l'avenue Bourguiba. Nous considérons que c'est une mesure qui n'est pas du tout démocratique. Nous n'avons jamais commis de violences. On ne peut pas nous interdire de marcher dans les rues de notre pays », a déclaré un membre du mouvement citoyen Kolna Tounès, cité par RFI. Condamnations Le président tunisien, Moncef Marzouki, a , lui-même, condamné une « violence inacceptable ». Les représentants de l'alliance des associations civiles ont de même qualifié de « sauvage » l'intervention des force de l'ordre. « La décision du ministère de l'Intérieur d'interdire les manifestations au niveau de l'avenue Habib Bourguiba est arbitraire », a dénoncé le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), Abdessatar Ben Moussa. Pour Sihem Ben Sedrine, présidente du Conseil national pour les libertés en Tunisie et du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle, les événements du lundi sont « une journée noire qui ne fait nullement honneur à la révolution et à la Tunisie de la liberté ». Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a, de même, appelé ses membres à boycotter les activités du ministère de l'Intérieur pendant une semaine, à compter d'hier, mardi, en signe de protestation contre les agressions du lundi qui ont aussi visé des journalistes, causant ainsi une entorse à la liberté d'expression.