Des milliers de manifestants réclamaient vendredi le départ du président Zine El Abidine Ben Ali à Tunis et en province, au lendemain d'une intervention du chef de l'Etat pour tenter de mettre fin à une contestation sans précédent. A Tunis, des manifestants ont défilé dans la matinée sur l'artère principale, l'Avenue Bourguiba, sans être inquiétés par la police. De centaines au départ, leur nombre n'a cessé de gonfler atteignant des milliers et ils étaient toujours dans la rue à la mi-journée. «Non à Ben Ali», «Soulèvement continu, non à Ben Ali», ont-ils crié en entonnant l'hymne national. Des avocats en robe noire faisaient partie de la manifestation. Pour sa part, le Président Zine El Abidine Ben Ali s'est engagé jeudi à renforcer la démocratie et à promouvoir le pluralisme. «Nous voulons atteindre l'année 2014 dans le cadre d'une concorde civile effective, dans un climat de dialogue national et avec la participation des partenaires nationaux à tous les niveaux», a déclaré M. Ben Ali dans une adresse au peuple tunisien retransmise par les chaînes de télévision de radios publiques et privées tunisiennes. Il a également affirmé qu'il n'y aura pas de «présidence à vie» en Tunisie et décidé «la pleine et entière liberté pour la presse, tous médias confondus». Des mesures qui ont été saluées par la France. «Nous avons écouté attentivement les mesures annoncées par le président Ben Ali pour ramener le calme et faire retomber la violence. Nous avons écouté les mesures annoncées en faveur de l'ouverture. Nous encourageons à poursuivre dans cette voie», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero lors d'un point-presse. Dans sa troisième intervention depuis le début d'un mois d'émeutes inédites en 23 ans de pouvoir, le président Ben Ali s'est engagé jeudi soir à quitter le pouvoir au terme de son mandat en 2014 et a ordonné la fin des tirs à balles réelles contre les manifestants. Il a également promis de garantir «la liberté totale» de l'information et de l'accès à internet. Les troubles et leur répression ont déjà fait au moins 66 morts dans le pays, selon une ONG. Le gouvernement français avait haussé le ton jeudi face au régime du président tunisien s'inquiétant de «l'utilisation disproportionnée de la violence», après l'aggravation des bilans humains et sous la pression des critiques de l'opposition et d'ONG qui estimait la position de Paris trop prudente, voire complaisante.