Le magazine géopolitique italien «Limes», dans sa récente édition, a souligné le manque de fiabilité et le chantage pratiqué par l'Algérie dans son partenariat avec l'Europe, notant qu'Alger l'a bien démontré par sa décision unilatérale et injustifiée de ne pas renouveler l'accord sur le gazoduc Maghreb-Europe (GME) . Les livraisons de gaz algérien à l'Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz, après la décision d'Alger d'abandonner le pipeline qui transite par le Maroc. La poursuite des livraisons à l'Espagne a été au centre de discussions, durant des semaines, entre la ministre espagnole de la transition écologique, Teresa Ribera, chargée de l'énergie, et le ministre algérien de l'énergie et des mines, Mohamed Arkab. L'Algérie est le premier fournisseur de gaz naturel de l'Espagne et profite de ce fait pour faire chanter Madrid. «Alger, qui avait promis (...) que l'arrêt du transit du gaz GME n'aurait aucun impact sur les approvisionnements, n'a pas pu honorer ses engagements», rappelle la publication italienne, notant que des milliards de mètres cubes de gaz devraient trouver une voie alternative. Le gazoduc sous-marin Medgaz achemine depuis 2011 du gaz algérien jusqu'à l'Espagne mais il opère déjà au maximum de sa capacité de 8 milliards de m3 par an, soit la moitié des exportations algériennes annuelles vers Espagne et Portugal. Le magazine Limes a également mis en garde contre «une augmentation significative des coûts du gaz algérien, qui fera l'objet d'une opération qui coûtera certainement plus cher que la livraison par gazoducs sous-marins», pointant le fait que l'Algérie se retrouve de plus en plus marginalisée, en raison de ses positions. «En proie à de multiples crises internes allant de la transition post-Bouteflika au coronavirus, en passant par les incendies de ces derniers mois, l'Algérie ne peut que recourir à de telles manipulations pour détourner l'attention de sa crise interne et tenter de briser l'isolement international», a souligné le magazine groupe éditorial L'Espresso. Alger, qui bénéficiait grâce au GME d'une route à bas coûts pour environ la moitié de ses exportations vers Espagne et Portugal, a préféré le sacrifier uniquement pour frapper Rabat au portefeuille. «L'Algérie, à travers la compagnie Sonatrach, honorera ses engagements avec l'Espagne relatifs à l'approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires», a déclaré fin octobre Arkab. «Les partenaires espagnols ont été assurés que l'Algérie fournira tous les approvisionnements prévus. Nous nous sommes engagés également à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz», a-t-il précisé; évoquant une extension de la capacité de Medgaz et un accroissement des exportations de gaz naturel liquéfié par la voie maritime. Des annonces vide de sens.