Les autorités algériennes peinent à refreiner l'action de spéculateurs dans le domaine agroalimentaire, qui concerne pêlemêle intermédiaires, agriculteurs et grossistes, accusés de stocker les denrées pour faire monter les prix. Un projet de loi actuellement vise même à criminaliser la spéculation se fait attendre et le pays souffre. En Algérie, le tableau est sombre : l'inflation a atteint 5,66 % en juin, soit une augmentation de 3,4 points en un an, selon Aïmene Benabderrahmane, ministre des finances et chef du gouvernement. Les prix à la consommation sont repartis à la hausse en raison de l'augmentation considérable des cours des matières premières à l'international, mais aussi de la dépréciation du dinar. «L'Algérie a importé plus de 300 000 tonnes de céréales de France lors de la campagne 2020-2021, étant ainsi le premier débouché hors Union européenne de l'Hexagone. Pour l'exercice en cours, l'Algérie devrait consommer 11 millions de tonnes de blé alors qu'au Maroc, les prévisions tournent autour de 10 millions de tonnes selon l'USDA, le département américain de l'agriculture», note France Info. Avec la suppression du système des subventions généralisées – le pouvoir finance les produits alimentaires de base et les énergies –, estimées à 17 milliards de dollars par an (environ 15 milliards d'euros) par le ministère des finances, l'insécurité alimentaire est plus que jamais une réalité ressentie. Selon le même média, «la disponibilité [de la pomme de terre], garante de la tranquillité du pays» n'a pas été assurée. «L'offre en tubercule a été sévèrement chahutée et les prix ont atteint des sommets. 60, 90, 100, jusqu'à 140 dinars le kilo (0,89 euro)», a-t-on mentionné. «Un prix exorbitant pour un pays où le salaire minimum n'atteint pas les 20 000 dinars par mois (130 euros). Le ministre du commerce, Kamel Rezig, a annoncé que le pays va avoir recours à des importations et imposer un prix fixe de 50 dinars le kilo (0,30 euro). L'envolée du prix de la pomme de terre s'explique par différents facteurs. Déjà, la monnaie algérienne se déprécie face aux autres devises et les intrants comme les semences ou les engrais coûtent plus chers. Les engrais sont ainsi passés de 3 700 à 8 000 dinars (50 euros) le quintal. L'utilisation de semences locales pour tenter de réduire la facture à l'importation n'a pas eu le succès espéré. Les rendements ont en effet été réduits de moitié pour les semences locales» a-t-on précisé. Ensuite, «des problèmes météorologiques graves qui perturbent les semis d'hiver. À Tiaret, toutes les parcelles ne sont pas encore semées. À Bouira, la campagne a commencé avec un mois et demi de retard, rapporte le site TSA, mais on s'obstine à semer dans des conditions dantesques. Les tracteurs s'enfoncent dans la boue et le travail des semoirs n'est pas idéal. Il aurait fallu attendre que les sols sèchent après ces pluies diluviennes»