Présidant l'ouverture des travaux de la Conférence des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes, Abdelmadjid Tebboune a déclaré que l'Algérie abritera le Sommet arabe en mois de mars 2022. Pour promouvoir ses propres priorités en matière de politique étrangère, le régime d'Alger veut s'approprier cet événement. Le régime algérien utilise sa politique étrangère moribonde comme instrument au service des intérêts de ses affaires intérieures afin de renforcer sa résilience. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé lundi l'octroi d'une aide de 100 millions de dollars à l'Autorité palestinienne, à l'occasion d'une visite à Alger de son président Mahmoud Abbas, une décision qui provoqué l'ire de l'opinion publique algérienne, alors que le pays traverse une crise sociale et économique qui perdure. Abdelmadjid Tebboune a en outre indiqué que l'Algérie souhaitait placer la cause palestinienne au cœur du sommet arabe qu'elle doit accueillir en mars. Une annonce surprenante émise sans consultations préalables avec les autres pays arabes, quelques semaines après que le chef de la diplomatie algérienne a déclaré que «la cause palestinienne et la cause sahraouie» seraient parmi les points abordés lors de cet événement. Plus grave encore, l'Algérie s'active pour réintégrer la Syrie dans les rangs de la Ligue arabe. Fin 2011, la Ligue arabe avait suspendu la Syrie pour protester contre la répression de l'opposition par le régime de Bachar el-Assad, épaulé par la Russie notamment. Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit avait indiqué auparavant qu'un retour de la Syrie au sein de son organisation relevait de la compétence des 21 autres Etats membres. Il a ajouté que la question serait évoquée dès lors qu'un règlement politique de la crise dans ce pays se mettrait en place. En 2019, la Ligue arabe a annoncé qu'elle n'était pas parvenue à un consensus sur cette question, l'Arabie saoudite, poids lourd régional opposé au régime syrien, semblant encore réticente à une normalisation des relations avec Damas, que l'Algérie veut imposer de gré ou de force. Le prochain sommet arabe s'annonce dépourvu de toute substance, un labo d'expérience pour un régime qui désire opérer sa douloureuse mutation de l'interétatique au mondial. Mais l'attitude égoïste du pouvoir de Tebboune qui décide seul de l'agenda du Sommet ne peut que contribuer à l'échec de ce rendez-vous, lequel sera un espace de défoulement où l'Algérie proclamera haut et fort des principes plus nostalgiques que réelles. Le second facteur de l'échec du Sommet relève d'un tout autre registre : l'hostilité d'une Algérie fragilisée devenue allergique à un Maroc favorable au multilatéralisme et au réalisme diplomatique, et non par une politique de simples coalitions de circonstance.