Un travail parlementaire porté par Sonia Krimi (LREM) a mené à trente recommandations pour «trouver des solutions pragmatiques et humaines» à l'immigration. Restriction de l'octroi des visas, gestion «policière» de l'immigration, durcissement de l'accès des étrangers aux soins… Dans son rapport publié mardi 16 novembre, la commission d'enquête parlementaire sur les migrations n'épargne pas la politique du gouvernement. À l'issue de six mois d'auditions et de travail de terrain portés par la députée Sonia Krimi, issue de l'aile gauche de LREM, la commission a formulé trente recommandations pour «trouver des solutions pragmatiques et humaines» à l'immigration. Le gouvernement a durci les conditions d'accès aux soins pour les exilés en 2019 ? Il faut supprimer le délai de carence de trois mois pour que les demandeurs d'asile puissent bénéficier immédiatement de la Protection universelle maladie, recommande la commission. «Mettre fin à la politique zéro point de fixation» À Calais, où le gouvernement a dû dépêcher un médiateur fin octobre pour déminer une crise symbolisée par la grève de la faim de militants associatifs ? Il faut «mettre fin à la politique zéro point de fixation», qui conduit à des démantèlements quasi-quotidiens de campements, selon le rapport. Ce document, qui a peu de chances d'être repris par l'exécutif à cinq mois de la présidentielle, propose une réforme du pilotage de la question migratoire, qui doit selon la commission sortir du giron du ministère de l'Intérieur pour «dépasser la seule gestion policière de l'immigration». Elle propose ainsi la création d'un haut-commissariat à l'immigration auprès du premier ministre, qui aurait une portée interministérielle. La commission appelle aussi à «ne pas pénaliser les populations par une réduction drastique de la délivrance des visas»: fin septembre, le gouvernement a annoncé avoir réduit drastiquement le nombre de visas octroyés aux pays du Maghreb pour les contraindre à délivrer davantage de laissez-passer consulaires, indispensables pour expulser des étrangers en situation irrégulière. Les préconisations de la commission «se résument (…) à un détricotage du pilotage actuel de la politique migratoire de notre pays, au motif que, relevant du ministère de l'Intérieur, il aurait une orientation trop sécuritaire», regrette le député du Nord Vincent Ledoux (Agir), seul parlementaire à s'être abstenu la semaine dernière lors du vote du rapport à la commission. Le député déplore une «addition impressionniste de propositions», «alors même que n'est présenté aucun bilan global et chiffré des moyens financiers et humains que l'Etat et l'ensemble des acteurs publics consacrent aux différents aspects de la politique migratoire, ni de leur efficacité».