Le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar cultive l'amalgame entre l'immigration illégale et les mafias de trafic d'êtres humains et promet de durcir la loi sur l'immigration. Le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, particulièrement prolixe ces derniers temps, n'en finit pas de faire de la lutte contre l'immigration un cheval infatigable de bataille. Sa dernière sortie à ce sujet a eu lieu lundi à Madrid, lors de la réunion du comité exécutif de l'internationale de la démocratie chrétienne, un mouvement qui a favorisé la montée des partis radicaux un peu partout en Europe. M. Aznar a fait état lors de cette réunion de sa détermination à promouvoir la nouvelle loi sur les droits et obligations des immigrés et leur intégration sociale en Espagne, adoptée il y a 16 mois par le Parlement espagnol. Il s'en est, par la même occasion, pris aux socialistes qui se sont avérés à ses yeux, incapables d'assumer la réalité et d'apporter une réponse aux problèmes posés par la société. Pour le chef du gouvernement espagnol, la gauche européenne est tout simplement incapable de faire la différence entre l'immigré légal et celui illégal. Plus même, les socialistes à son sens n'ont pas montré d'aptitude à associer l'immigration illégale et les mafias de trafic d'êtres humains. Statistiques à l'appui, M. Aznar a relevé que 89 pc des personnes en détention préventive dans les prisons espagnoles sont des immigrés non communautaires. D'où, selon lui, la nécessité de cette loi qui permettra de diminuer le taux de la délinquance et des délits commis par les immigrés, en compliquant davantage les procédures d'octroi de visa, parallèlement à une facilitation des procédures d'expulsion, de détention et de reconduite des immigrés illégaux arrêtés. C'est du moins dans ce sens que M. Aznar s'est confié au quotidien «La Razon», dans un entretien publié dimanche. Quoiqu'il en soit, le chef du gouvernement espagnol, de la majorité absolue dont dispose le gouvernement dans les deux chambres des Cortes, aura les coudées franches pour apporter les modifications cadrant avec son idéologie à la loi sur l'immigration. Les observateurs s'attendent d'ores déjà à un traitement plus franchement sécuritaire de la question qui ne manquera pas de déboucher sur des procès expéditifs pour expulser, dans les meilleurs délais, tout immigré présumé auteur de délit. Les plus pessimistes prévoient également de nouvelles mesures de répression de l'immigration clandestine et des réseaux de trafic d'êtres humains. C'est dans ce cadre que les socialistes, la gauche unie et l'association espagnole des droits de l'homme, ont attiré l'attention sur les excès que pourrait engendrer la nouvelle démarche Aznar. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a relevé dans les déclaration du chef de l'exécutif une reconnaissance de l'échec de la politique migratoire et de la loi sur les étrangers, réformée sous la pression du cabinet Aznar fin décembre 2000. La gauche unie est allée plus loin, soulignant dans la démarche du Premier ministre, la volonté de provoquer en Espagne des extrémismes de la trempe de ceux de Jean-Marie Le Pen et l'Association des droits de l'homme a plaidé pour que toute nouvelle réforme de la loi, favorise l'intégration des immigrés dans de meilleures conditions.