L'envolée des prix des denrées alimentaires, dont la patate, et la stagnation des salaires font passer aux Algériens des moments très difficiles. L'Algérie tente de réduire tant mal que bien la facture de ses importations. Quitte à créer des pénuries de certains produits dans beaucoup de secteurs. Mais avec la crise des patates, elle compte revoir ses priorités. Cet automne, le prix de la patate sur le marché algérien a connu une hausse spectaculaire et a joué un rôle de catalyseur dans le déclenchement de la colère des citadins les plus modestes dans plusieurs villes. Cette fronde semble donc davantage l'expression d'un désarroi et d'une inquiétude de la part des populations urbaines, plutôt que le résultat d'une situation de pénurie alimentaire conjoncturelle. Au menu aujourd'hui, des patates abîmées sauvées de la décharge. Dans ce quartier pauvre d'Alger, les quantités invendues, qui finissent chaque année à la poubelle, remplissent les bouches affamées des bourses modestes. Les files d'attente et les bousculades observées en fin de semaine dans les marchés pour en avoir quelques kilos avaient ulcéré les autorités et les professionnels de santé. La décision du régime algérien de dévaluer le dinar face aux devises étrangères se fait durement ressentir et a fait d'énormes dégâts sociaux. Fin 2020, le Cercle d'action et de réflexion sur l'entreprise (Care) relevait que, sur les dix dernières années, la monnaie algérienne avait déjà perdu 77 % vis-à-vis des devises étrangères. L'agence APS a affirmé que le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui a fait état, lundi, de la possibilité de recourir à l'importation exceptionnelle et provisoire de la pomme de terre pour casser la spéculation et réguler les prix de ce produit agricole de base. Une option rejetée par les producteurs et les agriculteurs. La diminution incessante du pouvoir d'achat, le chômage dont – le taux avoisine les 14 % – et l'inflation (2,4 % en 2020) entraînent de fait la vulnérabilité massive des couches sociales les plus fragiles. Des scènes diffusées par les chaînes algériennes ont démontré que les prix des patates se sont envolés au grand dam des ménages qui peinent à s'approvisionner sur les marchés. Ils ont connu une hausse fulgurante. Le kilo est passé de à 150 dinars (0,94 euros) en quelques jours. D'après l'Union générale des artisans et commerçants algériens (UGCAA), une hausse est attendue sur les prix des produits de grande consommation à cause de la sécheresse et de la spéculation massive. Depuis le début de l'année, des produits de large consommation comme le lait, l'huile, les pâtes et les légumes secs connaissent une surchauffe de prix. Le poulet, sur lequel se rabattent la plupart des ménages à faible ou moyen revenu, est devenu une denrée rare. Les interminables files d'attente pour obtenir un sachet de lait ou un bidon d'huile subventionnée ont marqué les esprits. Le manque de liquidités dans les bureaux de poste a poussé des milliers de retraités et de travailleurs aux revenus modestes à faire la queue dans des conditions insoutenables pour percevoir leurs maigres pécules. Pour cause de sécheresse, l'alimentation en eau potable est déjà rationnée dans de nombreux quartiers d'Alger.