«Rationnement de l'eau, envolée des prix des denrées alimentaires et crise économique liée à la Covid-19 : les Algériens entament le mois de jeûne dans des conditions difficiles» écrit Le Monde, tandis que les investisseurs internationaux dénoncent des entraves discriminatoires au commerce dans le pays. Alors que les maux traditionnels de l'Algérie s'aggravent – contrôle du pouvoir par l'élite corrompue ; gaspillage des ressources de l'Etat ; facilitation d'une ouverture de façade, le pays traverse une grave crise sociale en ce début de Ramadan. Abdelmadjid Tebboune, lors d'un entretien diffusé le 4 avril par la télévision publique, «a mis en garde les spéculateurs, accusés ces dernières semaines d'avoir provoqué l'envolée des prix de certains produits de base, dont l'huile», rapporte le journal Le Monde. Selon le quotidien, «le pays connaît depuis plusieurs mois une situation socio-économique difficile et c'est avec appréhension que les Algériens entament ce mois de jeûne, synonyme de réunions familiales quotidiennes». Crise politique, crise sécuritaire, crise économico-financière, crise alimentaire, telles sont donc les sombres couleurs qui noircissent le visage de l'Algérie. «Car après l'huile, c'est la hausse des prix de la viande qui a offusqué les consommateurs et mené à de nombreux appels au boycott de ce produit. Pour tenter de réduire les tarifs, les autorités ont procédé, début avril, à la délivrance d'autorisations exceptionnelles pour l'importation de viande rouge congelée en provenance d'Espagne. Et pour lutter contre les pratiques spéculatives, le gouvernement compte déployer 20 000 agents de contrôle à travers le territoire» ajoute la même source. La hausse des prix à la consommation est principalement liée à «la perte de valeur de la monnaie algérienne par rapport aux monnaies de référence que sont le dollar et l'euro pousse à la hausse les prix des importations en devises étrangères.» Une tendance qui se répercute directement sur les prix à la consommation, alors que «plus de 70 %» des besoins des ménages «dépendent des importations», expliquait en décembre l'économiste Smaïl Lalmas au quotidien El Watan, cité par Le Monde. «En Algérie, le taux d'inflation moyen annuel a atteint 2,6 % à la fin janvier 2021» note Le Monde qui ajoute que «certains indicateurs ont déjà viré au rouge. Ainsi, depuis le début de la crise sanitaire, près de 500 000 emplois ont été perdus, selon les premières estimations faites en décembre par les autorités algériennes. Rien que dans le secteur du BTP, le pays enregistre une perte de 150 000 postes». Selon les observateurs, «Plus de 70 % des entreprises sont en difficulté et fonctionnent à moins de 50 % de leurs capacités.» Une autre crise se profile : celle de l'eau, «dont le rationnement, d'abord nié par les autorités, agace les usagers», évoque Le Monde. Le 22 mars, le directeur général de l'Algérienne des eaux, Hocine Zaïr, cité par la même source, a prévenu que le pays se dirigera vers «une réduction des plages horaires de distribution», avec la possibilité de passer à une distribution «un jour sur deux», si les réserves d'eau ne se reconstituent pas. L'Algérie est confrontée à un stress hydrique important, avec une baisse de la pluviométrie et un taux de remplissage des barrages à 44 %, a fait savoir le responsable. «L'Algérie doit désormais se doter d'un pouvoir légitime pour sortir de ses crises» a-t-on affirmé.