Alger accuse Rabat d'avoir ciblé trois civils algériens. C'est le dernier épisode en date d'une surenchère algérienne sans précédent. Les relais du régime pointent le "bellicisme" du Maroc, mais la vérité est ailleurs. Avant la mort suspecte de trois routiers algériens, tués le 1er novembre sur la route reliant la Mauritanie à l'Algérie, l'escalade algérienne a commencé, bien plus tôt. Selon Le Figaro, dès l'annonce de la rupture des relations diplomatiques: «l'Algérie a fait savoir qu'elle ne comptait pas renouveler le contrat d'exploitation du gazoduc Maghreb-Europe, lequel, sur sa route vers l'Espagne, approvisionnait le Maroc en gaz. Une décision qui a pris effet cette semaine. En septembre, l'Algérie a fermé son espace aérien et aussi un tronçon de la route nationale qui relie sur 900 kilomètres, du nord au sud, la ville de Bouarfa à celle d'Agadir. En octobre, Alger a réclamé le retrait de l'armée marocaine du poste frontalier de Guerguerat, zone démilitarisée située sur le seul axe routier menant à la Mauritanie à l'extrême sud du Sahara.» Selon le quotidien français, Alger a fermé la porte à toute négociation en rejetant la résolution de l'ONU adoptée vendredi dernier pour prolonger le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara), qui a appelé à la reprise de pourparlers sur le dossier. Le roi Mohammed VI a toutefois déclaré samedi que «la marocanité du Sahara ne sera jamais à l'ordre du jour d'une quelconque tractation». «L'Algérie se prépare à la guerre mais ne veut pas être celle qui la déclenchera», assure un observateur marocain au Figaro. Selon le chercheur marocain Aziz Chahir, la nomination du général de corps d'armée Belkhir el-Farouk, ex-commandant de la zone sud où il a servi pendant quarante ans au poste d'inspecteur général des FAR, est «un signal fort envoyé à Alger». À Alger, un ancien responsable politique assure, sous couvert d'anonymat: «Cela fait cinquante ans que Marocains et Algériens se préparent à faire la guerre. En 1963, ils se sont déjà affrontés pendant la guerre des Sables. Les militaires sont prêts, mais, pour commencer une guerre, il faut d'abord une volonté politique.» Les analystes marocains et algériens, affirme Le Figaro, sont d'accord pour dire que, s'il y avait une guerre, elle serait une guerre très limitée dans le temps. Et selon les informations révélées en septembre par la lettre confidentielle Africa Intelligence, Rabat envisage de fabriquer des drones kamikazes (remplis d'explosifs et qui explosent sur la cible) en collaboration avec la filiale BlueBird Aero Systems du groupe Israël Industries (IAI).