L'envoyé spécial de la présidence algérienne pour la question du Sahara et des pays du Maghreb, Amar Belani, a «reproché» au Maroc la fermeture du gazoduc Maghreb Europe (GME), qui a cessé aujourd'hui d'envoyer du gaz vers l'Espagne et le Portugal pour la première fois depuis son inauguration il y a 25 ans. L'Algérie continue de commenter, moins par l'effet des volontés que par celui des circonstances, ses relations avec le Maroc en invoquant avec une affectation de raideur des conclusions que personne ne prend au sérieux. Dans une interview au journal numérique local Tout sur l'Algérie, l'ancien ambassadeur d'Algérie à Bruxelles a laissé entendre que la décision est «définitive» puisque «l'Algérie ne recule généralement pas dans son décisions, comme en témoigne la fermeture des frontières terrestres depuis 1994». «Ce pipeline était un pari sur l'avenir. Une promesse de notre engagement sincère porté par les aspirations des peuples maghrébins. Il était l'expression tangible de notre profonde conviction sur l'importance de l'intégration régionale et la valeur ajoutée des infrastructures réalisées. du point de vue maghrébin», a-t-il expliqué. M. Belani, réputé hostile au Maroc, a surpris quand il a souligné «que Rabat, au lieu de miser sur la construction du Maghreb, a préféré le couler et tenter de se lier avec l'Union européenne». «Malheureusement, le Maroc n'a pas été à la hauteur de l'ambition historique et stratégique du grand projet du grand Maghreb qu'il a pris en otage à travers la question du Sahara» a-t-il dénoncé. Toutefois, selon le dissident algérien Oualid Kébir, «l'Algérie, principal soutien des séparatistes du Polisario, a mis sur la table le retrait des forces marocaines de la zone tampon Guerguerat pour faciliter la quête d'un règlement du conflit dans ce territoire, après la nomination d'un nouvel émissaire de l'ONU et pour qu'elle maintienne en activité l'oléoduc GME». Début octobre, l'Algérie, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, a réclamé publiquement le retrait des troupes déployées par le Maroc fin 2020 dans la zone tampon de Guerguerat, dans l'extrême sud du territoire, après que des milices sahraouies eurent bloqué la seule route vers la Mauritanie. L'Algérie, dépitée, ne cesse de réagir à l'opération de l'armée marocaine dans une zone tampon de l'extrême sud du Sahara, menée en novembre 2020 ayant permis de rétablir le trafic routier au niveau du poste-frontière de Guerguerat. Le roi Mohammed VI a assuré que Rabat était attaché au cessez-le-feu mais demeurait «fermement déterminé à réagir, avec la plus grande sévérité, et dans le cadre de la légitime défense, contre toute menace à sa sécurité». Le président algérien Abdelmedjid Tebboune a confirmé hier soir la fermeture du GME -qui approvisionnait l'Espagne et le Portugal via le territoire marocain- et la fin du contrat qui le liait au Maroc, pays avec lequel il a rompu les relations diplomatiques en août. La décision de rompre toute relation entre la Sonatrach et l'Office marocain de l'électricité et de l'eau est également un coup dur pour l'économie marocaine, qui perd quelque 200 millions de dollars par an, qu'elle a collectés en tant qu'emprises, en plus des millions de mètres cubes de gaz avec lequel elle produisait 10 % de son électricité. L'Algérie a donné des garanties à l'Espagne qu'elle maintiendra les contrats déjà signés et poursuivra l'approvisionnement via le gazoduc Medgaz, qui relie directement les deux pays à travers la Méditerranée, et à partir de méthaniers.