«Tant que la fiction d'un Polisario autonome n'aura pas été levée et que l'Algérie n'aura pas reconnu son rôle de partie au conflit, aucun règlement définitif ne sera envisageable» écrit François Soudan , Directeur de la rédaction de Jeune Afrique Alors que le Maroc a commencé des travaux de remblai dans la zone tampon de Guerguerat, dans l'extrême sud du Sahara, sur la seule route menant à la Mauritanie, l'Algérie et le Polisario semblent être dans l'impasse. Mercredi 18 novembre, «des engins s'affairaient le long de la piste de sable qui conduit à la frontière, tandis que des poids lourds circulaient dans les deux sens» a-t-on précisé. Alors que les séparatistes et des médias algériens assaillent les réseaux sociaux de fake news, le Maroc a déjà achevé la construction d'un mur de sable jusqu'à la frontière avec la Mauritanie, selon le premier ministre Saad-Dine El Otmani. L'objectif de ce mur est de «sécuriser définitivement le trafic civil et commercial sur la route de Guerguerat», a-t-il dit dans un entretien à l'agence Reuters. Cet axe routier est élémentaire pour le commerce vers l'Afrique de l'Ouest, notamment pour le transport de marchandises en provenance du Maroc. Dans une tribune publiée par François Soudan , Directeur de la rédaction de Jeune Afrique, intitulée « Le pompier et le pyromane », ce dernier affirme que «pour la première fois depuis plus de trente ans, le bruit des armes s'est fait entendre au Sahara. Il suffit de regarder une carte pour comprendre que la réouverture à la libre circulation de la zone tampon de Guerguerat était vitale pour le royaume. Près de deux cents camions étaient bloqués au barrage que le Polisario y avait établi, menaçant de thrombose une artère commerciale essentielle pour les exportations et les échanges entre le Maroc, la Mauritanie et l'Afrique subsaharienne.» «Pour Brahim Ghali et son clan, s'installer à Guerguerat entre les postes-frontières marocain et mauritanien, c'était à la fois générer une source de revenus et créer un dérivatif "patriotique" susceptible de remobiliser une population épuisée» tonne le journaliste français. Le roi du Maroc Mohammed VI avait affirmé son «attachement au cessez-le-feu», tout en avertissant qu'il demeurait «fermement déterminé à réagir, avec la plus grande sévérité et dans le cadre de la légitime défense, contre toute menace». Le succès politique marocain est donc incontournable. «Fenêtre d'opportunité diplomatique Après avoir fait le constat de l'incapacité de la mission de l'ONU à gérer ce problème (les incursions du Polisario dans la zone sont récurrentes depuis six ans), le roi Mohammed VI a donc tranché. Bénéficiant d'une fenêtre d'opportunité diplomatique et soutenue par la majorité des pays de la Ligue arabe, l'opération de "nettoyage" de Guerguerat s'est déroulée sans aucune perte humaine de part et d'autre, et nul, en dehors de l'Algérie, ne l'a réellement condamnée», détaille M. Soudan. Si les Nations unies ont plusieurs fois appelé à revenir au statu quo et à reprendre un processus de règlement politique, M. Soudan précise qu'«accuser le Maroc d'avoir rompu le cessez-le-feu, alors que ce dernier était déjà de facto violé par les indépendantistes depuis leur implantation illégale revient donc à confondre le pompier avec le pyromane.» «Reste l'essentiel. Tant que la fiction d'un Polisario autonome n'aura pas été levée et que l'Algérie n'aura pas reconnu son rôle de partie au conflit, aucun règlement définitif ne sera envisageable. L'Algérie, ou plus exactement ceux qui la dirigent, ainsi qu'une partie de sa classe médiatico-politique. La grande majorité des Algériens, eux, n'ont cure de cette affaire désespérément obsolète» a-t-il conclu.