Khaled Darfaf Suite à l'appel du Bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT), plusieurs manifestations protestataires ont eu lieu dimanche 5 janvier 2025, dans les capitales régionales du Royaume afin de dénoncer le projet de loi organique relatif à la grève, adopté récemment par la majorité parlementaire. A Casablanca, la marche a été marquée par une participation massive des manifestants, qui se sont donné rendez-vous à Derby Omar pour poursuivre leur parcours vers le centre-ville. En tête du cortège, une grande banderole a été érigée par les organisateurs, sur laquelle, la CDT exprime son refus de l'adoption de ladite loi en dehors du dialogue social. La manifestation fut aussi une occasion pour les participants pour manifester leur grogne contre le projet de fusion entre la CNOPS et la CNSS et la cherté de la vie. Les protestataires ont scandé haut et fort des slogans condamnant les politiques initiées par le gouvernement actuel, en voulant juguler les libertés syndicales. Ils ont également évoqué la violation de l'accord du 30 avril 2022 signé entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Cet accord stipule que les projets de loi ayant une dimension sociale doivent passer par la table du dialogue avant d'être déposés auprès de l'institution législative. Lors d'une déclaration aux médias, Khalid Houir Alami, Secrétaire général-adjoint de la CDT, a souligné que « ces manifestations organisées à l'échelle nationale constituent une réponse au choix de l'Exécutif qui a déclaré la guerre aux classes défavorisées à travers ses décisions d'augmentation des prix, la destruction du pouvoir d'achat et l'atteinte aux libertés syndicales. » Poursuivre le combat Le militant syndical a évoqué dans ce sens les tentatives du gouvernement de porter atteinte à plusieurs secteurs sociaux, notamment la santé à travers l'adoption des législations antisociales. Abordant dans le même ordre d'idées, le militant syndicaliste a noté que « ces marches de protestation dénonçant les pratiques du gouvernement sont aussi un appel pour se conformer à la raison pour retourner à la table du dialogue ». Comme quoi, la CDT va poursuivre le combat contre la loi de grève telle qu'elle a été adoptée par les députés, a-t-il insisté. Même son de cloche chez Abdelkader El Omar, membre du Bureau exécutif de la CDT, qui a affirmé que la marche de protestation « est l'expression du rejet de l'approche unilatérale empruntée par le gouvernement. » Le représentant de la CDT a mis dans ce sens l'accent sur le fait que la démarche du gouvernement porte atteinte au dialogue social dont le round de septembre n'a pas été tenu. Notons que la CDT a jugé dans un communiqué précédent que « le texte de loi relatif à la grève, traduit l'intention du gouvernement, celle de dicter son agenda par la force de sa majorité et de faire fi de la méthodologie de consensus à laquelle il s'est engagé. » Tout en rejetant la version actuelle du projet, la CDT a estimé que « les amendements introduits sur le texte n'ont pas porté du tout sur l'essence de ses dispositions et que sa véritable visée consiste à restreindre le droit de grève, qui est un droit constitutionnel, garanti par les conventions internationales. «C'est le raison pour laquelle, le Maroc n'a pas encore approuvé jusqu'à l'heure, la Convention n° 87 de l'OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical», a précisé la même source. En vue de faire aboutir ses revendications, la CDT a prévu l'organisation d'une grève générale ou encore d'entamer une grève de la faim, dont les dates seront relevées ultérieurement.