Pour France 24, «les deux grandes puissances du Maghreb, qui entretiennent des relations de voisinage orageuses depuis plusieurs années, ont franchi une nouvelle étape, mercredi 3 novembre» après de graves accusations non prouvées lancées par la présidence algérienne contre Rabat, sur la mort de trois ressortissants algériens au Sahara. «Il y a là, incontestablement, un degré supplémentaire dans la montée des tensions diplomatiques entre les deux puissances régionales», note Béligh Nabli, maître de conférences en droit public, chercheur associé au Ceri et auteur de 'Géopolitique de la Méditerranée' (Armand Colin, 2015), interrogé par la chaîne France 24. «Ce jeu diplomatique est dangereux, il pourrait bien glisser et prendre une dimension militaire sur la base de ce type d'incident.» «Pour les experts l'événement qui a changé la donne, et qui est donc à l'origine de la dégradation de la situation, a été la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara, le 10 décembre 2020» note France 24. «L'équilibre géostratégique régional a été bouleversé par la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur l'ensemble du Sahara par l'administration Trump, estime Nasser Weddady, chercheur et consultant spécialisé dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, invité de l'antenne arabe de France 24. Cette reconnaissance a provoqué un choc pour toutes les parties, qui ont eu besoin d'un certain temps pour se repositionner» a-t-on noté. «La signature des accords d'Abraham à l'hiver 2020 a très certainement contribué à mettre le feu aux poudres, expliquait récemment à France 24 Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine du Maghreb à l'université Paris I. Cet accord multilatéral signé par le Maroc, les Etats-Unis, Israël et les monarchies du Golfe a eu pour conséquence la reconnaissance, par Washington, de la marocanité du Sahara. Pour l'Algérie, c'est clairement un casus belli» note la même source. Un avis que partage Béligh Nabl, qui dit que cet accord «a été perçu à Alger comme une agression politique qui a lancé un engrenage diplomatique menant à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, à l'initiative des Algériens.» Les risques d'une déflagration militaire semblent pour l'instant contenus, estime la chaîne. «Pour Béligh Nabli, le Maroc n'a pas intérêt à entrer dans une spirale militaire, parce que le royaume est en train d'engranger des succès diplomatiques, qui nourrissent précisément les velléités algériennes» a-t-on précisé. «Le dernier succès en date est intervenu le 29 octobre, avec l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU prolongeant d'un an la mission Minurso au Sahara. Le texte, qui appelle également les parties (…) à s'abstenir de toute action qui pourrait saper les négociations menées par l'ONU ou déstabiliser davantage la situation au Sahara, a été salué par Rabat comme une victoire, le royaume chérifien estimant que cette résolution onusienne répond à l'agitation des adversaires du Maroc» note France 24.