Modern diplomacy, est une plateforme européenne leader dans l' évaluation et l'analyse des problématiques internationales complexes qui dépassent les médias et les universités occidentales classiques. Une étude publiée le 6 septembre s'intéresse au poids du Maroc au niveau régional et à l'international et à son rôle de stabilisateur dans la région. L'occident a les yeux rivés sur les triples échéances électorales du 8 septembre. Ce sont les 3ème élections depuis le printemps arabe et depuis la réforme de la Constitution en 2011 qui a permis de redistribuer les pouvoirs entre le Palais royal et l'exécutif, commente Modern Diplomacy. Elles sont particulièrement importantes, au vu du changement substantiel de l'équilibre du pouvoir dans la région, notamment entre le Maroc et l'Algérie. Si le mois dernier, note le site européen, l'attention était toute tournée vers l'Afghanistan et le changement radical de la politique extérieure américaine dans le pays, une reconfiguration géopolitique d'envergure se met en place aux portes de l'Europe, à travers les élections au Maroc au moment où le Maghreb est en pleines mutations. Le Maroc est, considéré par beaucoup d'analystes et à juste titre, estime Modern Diplomacy, comme le pays ayant le mieux résisté à la pandémie, en se positionnant à la première place en Afrique en termes de vaccination (60% de sa poppuation cible est vaccinée). Le pays a également su mobiliser avec succès des ressources considérables pour sa relance économique depuis deux ans tout en déployant un filet de sécurité pour ses populations les plus fragilisées. Sur le volet industriel, le dévelopemement entamé depuis la moitié des années 2000 a donné ses fruits, avec une explosion des exportations et les prévisions pour dépasser le cap symbolique des 10 MM de dollars sont attendues pour 2023 avec une production annuelle de 700.000 véhicules. La récente étude du géant américain Deloitte, intitulé Le Maroc, de la résilience à l'émergence ? datant de juillet 2021 témoigne des réformes et défis relevés en pleine crise covid-19, qui démontrent la réactivité exceptionnelle du Royaume. Néanmoins, souligne Modern Diplomacy, c'est sur le plan diplomatique que les années 2020 et 2021 ont connu le plus de développements, ce qui a contribué à l'émergence de tensions avec le voisin algérien, lequel a rompu les relations diplomatiques avec le Maroc unilatéralement, le 24 aout dernier. Divers facteurs à prendre en compte Il y a plusieurs derrière cette décision. En premier lieu, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, en décembre 2020. Considéré comme l'un des conflits de basse intensité les plus anciens au monde, le différend sur le Sahara occidental oppose le Maroc, qui administre le territoire largement désertique du sud du Royaume, au Front Polisario, qui est soutenu politiquement, financièrement et militairement par l'Algérie. Bien que reconnu par une douzaine de pays seulement, le Front polisario continue de réclamer l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara « occidental », où le Maroc propose une large autonomie pour le territoire depuis 2007. En second lieu, la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, qui abrite près de 700 000 Juifs, a accru les tensions entre les deux pays. Plus récemment, en réponse à une ultime provocation de la diplomatie algérienne sur le sujet du Sahara, une initiative du représentant du Maroc aux Nations unies pour soutenir le mouvement autonome en Kabylie a été considérée « Casus Belli » pour l'Algérie, l'amenant à rompre ses relations avec son voisin, dont les frontières terrestres sont fermées depuis le milieu des années 1990, malgré les nombreux appels de Rabat à les rouvrir. Des trajectoires très différentes Au-delà de ces éléments, les élections organisées par le Maroc ce 8 septembre pour lesquels près de 4500 observateurs locaux et étrangers ont été déployés, illustrent la différence fondamentale dans la trajectoire qui se dessine pour les deux frères maghrébins. D'un côté, le Maroc qui est diplomatiquement, industriellement et économiquement proactif, qui rêve d'être le futur « dragon africain », mais qui continue de souffrir de la polarisation sociale et de fortes disparités de revenus. De l'autre côté, une puissance pétrolière et gazière qui a pâti de la chute des prix du pétrole survenue en 2014 et dont le contexte politique est toujours fragile au vu de la continuité du mouvement contestataire du Hirak qui a conduit à la chute du président Abdelaziz Boutiflika au début de l'année 2019. Ainsi que l'a souligné la chercheuse allemande spécialiste du Maghreb, Isabelle Werenfels dans une interview avec Le Monde : « ces dernières années, c'est le Maroc qui a marqué des points. Non seulement le royaume a remporté d'importants succès économiques, politiques et diplomatiques (diplomatie religieuse, régularisation des migrants subsahariens, participation à la COP 22, etc.), en Afrique subsaharienne et sur la scène internationale. Mais il a aussi très bien réussi à les vendre ». Dans ce contexte, la tenue des élections marocaines à temps malgré le contexte sanitaire, ainsi que la mise en place probable d'un gouvernement de large coalition quel que soit le parti politique qui les dominera, est sans aucun doute un signal de l'ancrage durable du Maroc comme pays aux atouts majeurs pour être le socle de la stabilité et de la sécurité dans une région continuellement troublée.