La troisième vice-présidente du gouvernement et ministre espagnole de la transition écologique et du défi démographique, Teresa Ribera, s'est rendue en Algérie mercredi, quatre jours avant l'expiration du contrat de fourniture de gaz via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), un des deux qui approvisionnent l'Espagne et l'Europe. L'Espagne a besoin de diversifier ses approvisionnements en gaz pour réduire sa dépendance algérienne. Avant quelques semaines, le chef de la diplomatie espagnole est arrivé dans la capitale Alger, accompagné du président d'Enagás, Antoni Llardén, et du directeur général de Naturgy, Antonio Bassolas, deux opérateurs énergétiques espagnols, afin de trouver une alternative pour surmonter une nouvelle crise politique entre L'Algérie et le Maroc depuis Alger ont décidé de rompre leurs relations diplomatiques en août. Ce mercredi, la troisième vice-présidente du gouvernement et ministre espagnole de la transition écologique et du défi démographique, Teresa Ribera, s'est rendue en Algérie mercredi afin de sauver le contrat GME, dont les négociations sur le renouvellement de l'accord d'exploitation du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) ont été compromises. Face aux possibles répercussions économiques, les observateurs marocains se veulent rassurants. «Contrairement aux attentes de l'Algérie, la rupture du contrat de gaz ne soulève pas de contrainte insurmontable pour le Maroc. Le pays agit depuis des années pour diversifier sa politique énergétique, accéder à des sources alternatives pour alimenter ses centrales hydrauliques. Le manque à gagner en ressources de taxes de transit est insignifiant pour les finances publiques», a affirmé l'économiste Larabi Jaidi. Malgré cela, le gouvernement algérien, qui s'attend à une baisse des revenus issus des ressources énergétiques dans les prochains mois en raison de la fluctuation du marché mais aussi de l'impact de certaines politiques géostratégiques adoptées, selon le Premier ministre et ministre des Finances, Ayman Benabderrahmane, persiste à ne pas reconduire le contrat GME. Ce gaeoduc court sur 1 620 km avec une capacité de 12 milliards de m3/an. La Sonatrach gère la section algérienne du gazoduc (515 km) qui va de Hassi R'mel à la frontière avec le Maroc ; la section marocaine (522 km) est gérée par Rabat, son opérateur étant Metragaz une joint-venture entre Sagane, une filiale de Gas Natural, Transgas (Portugal) et la Société nationale des produits pétroliers (SNPP, Maroc) ; la section qui transite en offshore par le détroit de Gibraltar (45 km) est conjointement gérée par Enagás (Espagne), Transgas et de l'Etat marocain ; la section andalouse fait 269 km de long tout comme celle de la section portugaise, et enfin la section de 270 km en territoire de la communauté autonome d'Estremadure. Dans des déclarations publiées par la presse locale, Benabderrahmane a expliqué que le gouvernement calculera et tentera de compenser dans les budgets généraux de l'Etat pour 2022 «la baisse des recettes exceptionnelles, y compris les bénéfices des sociétés d'Etat Sonatrach et Sonalgaz», qui représentent le dernier rempart de la fragile économie algérienne représentant plus de 90 % des exportations de l'Etat. Des sources proches de l'exécutif algérien ont expliqué à des sources espagnoles que ce calcul inclut déjà la fermeture de l'oléoduc qui alimente l'Europe via le Maroc et l'Espagne (GME), dont le contrat expire le 31 octobre et que l'Algérie a indiqué qu'elle n'allait pas renouveler après avoir rompu son relations diplomatiques avec Rabat en août. Le GME acheminait chaque année plus de 8 000 millions de pieds cubes de gaz vers l'Espagne via un pipeline de 1 400 kilomètres qui démarre dans le cœur du désert algérien, il pénètre le territoire marocain et plonge dans le détroit de Gibraltar. Le 30 septembre, le régime algérien garantissait déjà au ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, en visite à Alger, l'approvisionnement en gaz par le gazoduc Medgaz, qui atteint directement Almeria sans passer par le territoire marocain. Par ailleurs, l'Algérie, malgré les inconvénients de cette option, s'engage à compenser la baisse ou d'éventuels problèmes d'approvisionnement d'une flotte de navires en gaz liquéfié. Benabderrahmane a également révélé que le gouvernement révisera la politique de subvention selon une approche participative, sur la base d'une étude scientifique réalisée à cet égard et qu'il entend revenir «à une répartition équitable des richesses», déclarations plutôt illusoires que sérieuses. Le milieu des affaires marocain, lui, semble afficher une grande sérénité. «Le marché algérien ne représente rien pour les entreprises marocaines qui ont trouvé des partenaires ailleurs. Même si Alger mettait ses menaces à exécution et stoppait ses importations et ses contrats avec le Maroc, l'économie du pays ne serait pas affectée», a assuré le chef d'une grande entreprise marocaine qui réalise la majorité de son chiffre d'affaires à l'export.