Dépendante du gaz algérien et victime de la surenchère d'Alger envers Rabat, Madrid propose une réserve stratégique européenne de gaz. Alors qu'Alger affiche depuis fin août son intention de fermer le pipeline GME (Gaz Maghreb Europe) inauguré en 1996 et qui relie sur 1 400 km les gisements de l'Algérie, le plus gros exportateur de gaz d'Afrique, à la péninsule ibérique le 31 octobre, cela, selon les experts, pourrait compromettre la fourniture de gaz à l'Espagne, à l'approche de l'hiver, dans un contexte de forte hausse des prix dans toute l'Europe. Alger a annoncé son intention de ne pas renouveler le contrat du gazoduc qui alimente la péninsule Ibérique. Cette interruption risque de compromettre la fourniture de gaz à l'Espagne. «Le robinet du gaz algérien va-t-il se fermer pour l'Espagne ? L'annonce de l'interruption du fonctionnement du principal gazoduc qui alimente la péninsule a pris Madrid à revers. Elle met en évidence la fragilité énergétique du pays et sa grande dépendance à l'Algérie qui lui fournit 50 % de son gaz» écrit Les Echos, quotidien français d'information économique et financière. «La mise hors service, à partir du 31 octobre et pour une durée inconnue, du grand gazoduc Maghreb Europe (GME) qui achemine le gaz algérien vers la péninsule Ibérique en passant par le détroit de Gibraltar, pourrait conduire à des pénuries cet hiver, si le flux reste coupé» alerte le quotidien. «Une perspective noire pour les consommateurs espagnols, qui, en plus de souffrir de la hausse des prix de l'énergie, comme le reste des Européens, pourraient ainsi devenir les victimes indirectes» de la surenchère d'Alger envers Rabat. «En effet, si le gaz acheté par l'Espagne provient des gisements algériens, le tracé du GME court largement sur le territoire du Maroc, avant de passer le détroit de Gibraltar de Tanger vers Tarifa. Le tuyau mis en place en 1996 livre chaque année 10 milliards de mètres cubes de gaz en Espagne» précise-t-on. «L'Algérie a annoncé qu'elle ne renouvellera pas le contrat du gazoduc GME qui arrive à échéance le 31 octobre, et privera ainsi le Maroc de la manne très attrayante des droits de passage sur son sol pour acheminer le gaz vers la péninsule Ibérique. Le coup est rude pour Madrid qui, depuis des années, pratique un équilibrisme délicat entre deux alliances nécessaires, celle de son fournisseur de gaz algérien et celle de son voisin marocain, indispensable allié pour contrôler les migrations en provenance d'Afrique» ajoute-t-on. Dépêché à Alger jeudi, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a affirmé avoir été «rassuré quant à la continuité de l'approvisionnement», mais il n'a pas donné de détails sur la façon dont le flux des livraisons sera maintenu. «La solution pourrait être d'utiliser à plein le deuxième gazoduc, Medgaz, qui unit directement l'Algérie à l'Espagne, par Alméria. Sauf que sa capacité, nettement inférieure à celle du gazoduc principal GME, serait loin d'être suffisante, selon Jorge Sanz, directeur associé de Nera Economic Consulting, qui signale aussi que l'alternative du transport par bateau semble irréaliste et trop coûteuse» a-t-on conclu.