La rupture des relations entre l'Algérie et le Maroc pourrait faire une première victime après qu'Alger ait laissé entendre qu'elle couperait en octobre le gazoduc qui alimente l'Espagne depuis vingt ans à travers le territoire marocain. Une situation dans laquelle les trois pays seraient perdants, fait savoir le média suisse swissinfo. Afin de mieux comprendre l'enjeu, le média explique que le GME est un conduit de plus de 1400 kilomètres de long qui commence dans la campagne algérienne de Hassi R'mel. Il traverse le territoire marocain sur environ 540 kilomètres et passe par le Gibraltar dans une section sous-marine d'environ 45 kilomètres avant d'atteindre Cadix. Il transporte en moyenne annuellement 10 000 millions de mètres cubes vers la péninsule. Pendant ce temps, Medgaz, d'une longueur de plus de 750 kilomètres qui relie directement la campagne algérienne à l'Espagne (Almería), est entré en service en 2010 et a une capacité de 8 000 millions de mètres cubes. Mais l'Algérie a récemment annoncé qu'elle avait augmenté sa capacité de 25 % pour pouvoir répondre à la demande espagnole, fait savoir la même source. Le média rapporte que d'après plusieurs experts, le remplacement de GME par Medgaz annoncé par l'Algérie a des raisons politiques et cherche à nuire à son voisin occidental, mais les spécialistes préviennent qu'il sera coûteux non seulement pour le Maroc, mais aussi pour l'Algérie et l'Espagne. Selon les experts consultés par l'Efe, le Maroc pourrait être confronté à des problèmes d'approvisionnement pour ce fossile s'il ne trouve pas d'alternatives à court terme, étant donné que la quasi-totalité du gaz naturel qu'il consomme provient d'Algérie. Selon l'analyste Gonzalo Escribano, directeur du Programme Energie et Climat de l'Institut Royal Elcano, l'une des solutions qu'a le Maroc après le 31 octobre si le contrat GME n'est pas renouvelé (qui expire à cette date), est d'inverser le sens de cette conduite dans le tronçon qui relie le Maroc à l'Espagne afin que cette dernière fournisse du gaz naturel au pays du Maghreb à partir d'autres fournisseurs. Cependant, Escribano estime que la meilleure solution est que les parties arrivent à avoir le sens de coopération et que l'Espagne négocie avec l'Algérie une éventuelle fermeture progressive du GME pour trouver des alternatives et tester l'efficacité de Medgaz. « Le GME est un élément de coopération stratégique fonctionnelle qui profite à toutes les parties », a déclaré l'analyste espagnol à Efe. Escribano partage l'idée de l'économiste marocain Rachid Aourraz, de l'Institut marocain d'analyse des politiques (MIPA), qui estime que la possible fin du GME « mettra fin à l'opportunité de faire avancer l'intégration économique » dans cette région méditerranéenne.