Plusieurs personnes ont fait des «aveux» sur une chaîne de télévision nationale algérienne sur un supposé projet d'attaques armées déjoué. Problème : les révélations, les témoins, les détails dévoilés, tout serait faux. L'opinion internationale s'est-elle laissée égarer par des faits exagérés et par de fausses divulgations. Il faut le dire, l'histoire de ces étranges découvertes fournira plus d'une page curieuse aux annales relatives au régime algérien. Jusqu'à 2019, les autorités algériennes désignaient généralement par «terroristes» les islamistes armés qui sont actifs dans le pays depuis le début des années 1990. Depuis le déclanchement du Hirak les multiples crises du régime, le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), interdit, et le mouvement islamo-conservateur Rachad, qui n'a pas d'existence légale en Algérie, sont devenus les bêtes noires du régime. La télévision publique algérienne a diffusé cette semaine des déclarations filmées dans lesquelles plusieurs individus ont reconnaît leur culpabilité dans l'affaire «des attaques armées qu'un groupe séparatiste kabyle planifiait à l'aide de complices à l'étranger», un événement affublé jusqu'ici avec de certains oripeaux bien douteux. Depuis 48 heures, les supposés aveux accablants sont devenus un scandale à fausses attestations. Selon toute vraisemblance, le régime algérien s'est résigné à s'engager isolément dans des voies détournées qui peuvent toujours aboutir au dissentiment et au mensonge pour en découdre avec le MAK. Après que plusieurs révélations ont révélé que Makhlouf Akli, une des protagonistes arrêtés, n'a aucune relation avec le MAK, des internautes ont débusqué l'identité d'un autre faux témoin, Zaher Boukhlifa, présenté dans l'émission algérienne comme transporteur d'armes au profit du MAK. Dimanche, on a appris qu'il est en réalité fonctionnaire algérien opérant à une représentation diplomatique allemande. Depuis la révélation des supercheries à répétition des autorités algériennes, la plupart des médias abusés ont modifié leurs contenus en précisant dans une note que faux témoignages avaient été retirés de leurs articles. Des lanceurs d'alertes, en revanche, ont détaillé l'ensemble de l'imposture du régime algérien et le sens de sa démarche. Dans un communiqué reproduit par les médias, la Direction générale algérienne de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé que la police avait démantelé cette semaine un réseau lié au Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classé «terroriste» par l'Algérie, et arrêté 17 personnes dans les préfectures de Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira, en Kabylie (nord-est). Les personnes interpellées projetaient, selon la version officielle désormais très douteuse, de mener des «actions armées visant à porter atteinte à la sécurité du pays avec la complicité de parties internes prônant le séparatisme», a ajouté la DGSN. Selon le communiqué, les suspects ont avoué avoir été «en contact permanent via internet avec des parties étrangères opérant sous le couvert d'associations et d'organisations de la société civile et basées dans l'entité sioniste (Israël) et dans un pays d'Afrique du Nord», selon la même source. Quelques heures après cette annonce, un film diffusé a tenté d'accréditer l'idée selon laquelle «pays d'Afrique du Nord pointé du doigt n'a pas été nommé, ainsi qu'Israël» ont offert un soutien logistique à la cellule démantelée.