Si Emmanuel Macron veut calmer le jeu avec l'Algérie, son entourage prône la politique du zéro laxisme avec le régime d'Abdelmadjid Tebboune. Il souhaite aller jusqu'à menacer la convention franco-algérienne du 27 décembre 1968. Emmanuel Macron a appelé à «l'apaisement» avec l'Algérie et «à cheminer ensemble», lors d'une interview sur France Inter. «Si le chef de l'Etat enclenche une désescalade, certains marcheurs, y compris dans son entourage, semblaient pourtant partisans de poursuivre le rapport de force. En brandissant notamment une menace : la remise en cause de la convention franco-algérienne du 27 décembre 1968» écrit le quotidien régional français Le Parisien, dans son édition du 8 octobre. «Ce serait peut-être le moment de revoir cette fameuse convention, dans un souci d'égalité de traitement avec nos autres partenaires du Maghreb», glissait ainsi un pilier de la majorité, cité par le quotidien français. «On ne pourra pas rester durablement avec cet accord bilatéral, alors qu'on fait face à une solidarité unilatérale», estime un proche du chef de l'Etat français, intenable. L'accord franco-algérien de 1968 est source de toutes les passions. «Ce texte a été signé six ans après l'indépendance algérienne. Au nom des relations particulières entre ces deux pays, il offre des conditions plus favorables de circulation, d'obtention d'un titre de séjour et de regroupement familial facilités pour les ressortissants algériens. Cette convention fait depuis longtemps l'objet de vifs débats dans la classe politique. Elle est vilipendée par Marine Le Pen. Mais aussi par Nicolas Sarkozy. Le risque d'une crise diplomatique majeure» note Le Parisien, qui cite également des propos de l'ex-président (2007-2012) : «Cinquante ans après la décolonisation, il faut achever sans tarder avec l'Algérie la renégociation des accords préférentiels en matière d'immigration». À plusieurs reprises, depuis 2007, il a tenté en vain de revenir sur ce texte. «Un projet ardu car les Algériens ne veulent pas entendre parler de remise à plat. Résultat : ce chantier ne peut se solder que par une dénonciation unilatérale par la France, ouvrant la voie à une crise diplomatique majeure entre les deux pays» indique-t-on. Lors d'un événement, le ministre de l'intérieur français Darmanin a eu des mots durs contre le régime algérien. «L'Algérie est l'Etat le moins coopératif de tous avec la France sur tous les sujets», déplore un ministre de premier plan. «Prenez des risques, même si vos décisions sont ensuite cassées par les tribunaux», a lancé M. Darmanin aux préfets, rapporte un témoin, face à la crise de visas. «Ce que Gérald Darmanin a demandé aux préfets, et c'est ce qu'il leur demande depuis un an maintenant, c'est de prendre les mesures de retraits de titre pour les étrangers qui troublent l'ordre public, dont les Algériens. Si jamais il y a un risque juridique avec la convention de 1968, le juge tranchera et on aura fait avancer la jurisprudence», explique l'entourage du ministre de l'Intérieur, cité par la même source.