À l'origine de la nouvelle tension algéro-française : un déjeuner bon enfant entre le président français et une vingtaine de jeunes dont les grands-parents avaient été des protagonistes de la guerre d'Algérie, écrit la journaliste Sara Daniel dans un édito au vitriol. La journaliste Sara Daniel retrace dans un édito le cheminement de la nouvelle crise Paris-Alger : Au cours d'échanges apparemment ouverts, Emmanuel Macron leur a rappelé qu'après son indépendance l'Algérie s'est dotée d'une histoire officielle «totalement réécrite», qui «ne s'appuie pas sur des vérités», mais développe «un discours qui repose sur une haine de la France». Et de poursuivre : «La nation algérienne post-1962 s'est construite sur une rente mémorielle.» «En fait de coopération, il semble que le régime algérien ne se satisfasse que d'une France qui se couvrirait la tête de cendres. Car Emmanuel Macron est allé plus loin que ses prédécesseurs. En reconnaissant, lors de la campagne présidentielle de 2017, que la colonisation a entraîné des "crimes" et en s'apprêtant à commémorer aujourd'hui les répressions meurtrières du 17 octobre 1961. Mais l'examen de conscience de l'Algérie, où est-il ?» s'interroge la journaliste. «Pendant que la France demandait récemment pardon aux harkis de les avoir abandonnés, entendait-on l'Algérie demander pardon de les avoir massacrés ? Les crimes de la colonisation l'absolvent-ils de ses propres péchés ? Surprenant de la part d'un régime qui a si vite effacé la faute des islamistes de la "décennie noire" : 150 000 morts entre 1991 et 2002. Comme si le travail de mémoire était l'apanage des démocraties qui regardent leur passé en face et ne pouvait se faire que d'un seul côté de la Méditerranée» note la journaliste. «Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c'est la question» qui a irrité le régime algérien. L'historien Mohammed Harbi, ancien membre du FLN, a affirmé : « En faisant remonter l'existence d'une nation algérienne à la période précoloniale, le nationalisme s'interdit d'étudier la formation du peuple algérien comme processus historique et rend incompréhensibles les problèmes posés par les brassages de population.» «À vrai dire, les relations entre Paris et Alger s'étaient déjà tendues après la décision française de réduire de moitié les visas accordés aux Algériens. Le motif était le "refus" des autorités de délivrer les laissez-passer nécessaires au retour des clandestins refoulés de France. Emmanuel Macron a longtemps été conciliant avec l'Algérie ; il a durci le ton pour rappeler que les intérêts de la France aussi doivent être respectés» conclut la journaliste.