Le président du gouvernement espagnol a refusé de préciser s'il avait validé la décision d'autoriser l'entrée en Espagne du leader du Front Polisario, cultivant encore le mystère sur ce scandale qui a entaché la confiance Maroc-Espagne. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a insisté sur le fait que son cabinet a fait «ce qu'il doit» et a agi «comme il se doit» conformément à la loi en autorisant l'entrée clandestine en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali au moment où le roi Mohammed VI a dit souhaiter «fonder des relations solides, constructives et équilibrées, notamment avec les pays voisins», en citant l'Espagne. S'exprimant devant l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, M. Sanchez a évité de préciser s'il avait autorisé l'opération, mais a pleinement soutenu la décision du gouvernement d'autoriser Ghali à accéder au territoire espagnol pour des motifs «humanitaires». Pourtant, le 10 juillet, le même Pedro Sánchez a annoncé le départ la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, soupçonné d'être l'instigatrice de toute cette affaire, remplacée par l'ancien ambassadeur d'Espagne à Paris, José Manuel Albares. Virer la ministre sulfureuse (actuellement plus que jamais visée par l'enquête sur ce scandale) et reprendre à son compte ses éléments de langage ? À l'ONU, Pedro Sánchez n'a pas évoqué la plainte pour «arrestation illégale, tortures et crimes contre l'humanité» contre Brahim Ghali, déposée en 2020 par Fadel Breika, dissident du Front Polisario naturalisé espagnol, qui affirme avoir été victime de «tortures» dans les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie. «Les tortures sont confirmées par des milliers de témoins», avait affirmé son avocate, Maria José Malagon Ruiz del Valle, balayant le caractère «politique» du dossier. Une deuxième plainte – l'enquête avait été rouverte à la faveur de la présence de Brahim Ghali en Espagne, un détail non évoqué pas le premier ministre socialiste – avait été déposée en 2007 par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH) pour «génocide», «assassinat», «terrorisme», «tortures» ou «disparitions», commis là encore dans les camps de Tindouf, d'après cette organisation basée en Espagne. Justifier l'accueil de celui que Rabat considère comme un «criminel de guerre» est-il judicieux ? Pedro Sánchez lui-même a reconnu que l'affaire a engendré des «différends en matière de politique étrangère».