Le nouveau chef de la diplomatie espagnole, qui procède à une pleine refonte de ses troupes, a révoqué deux nominations diplomatiques proposées par sa prédécesseur, Arancha Laya. Parmi eux, Camilo Villarino, ancien chef de cabinet de González Laya et, pour l'instant, le seul soupçonné d'avoir facilité l'entrée clandestine de Brahim Ghali dans en avril en Espagne. Le nouveau chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, a décidé mardi de ne pas entériner la désignation de Camilo Villarino en tant qu'ambassadeur de Madrid à Moscou. La décision intervient une semaine avant que l'ancien homme fort de González Laya soit appelé à témoigner devant le tribunal d'instruction numéro 7 de Saragosse pour l'arrivée furtive de Brahm Ghali en Espagne. Le ministère des Affaires étrangères a justifié cette décision, prétextant une rénovation globale menée par le nouveau chef de la diplomatie espagnole, qui recherche des profils hautement experts pour des postes de première ligne, affirme le site El Confidencial. Mais d'autres y voient un nouveau signe positif du gouvernement de Pedro Sánchez à l'égard Maroc. Toutefois, la diplomatie espagnole insiste sur le fait que cette décision n'est pas du tout liée à une considération autre que «la valse de nominations qui se produit avec l'arrivée d'une nouvelle administration». Outre Villarino, la nomination du nouvel ambassadeur de Madrid pour l'Afrique du Sud a également été retirée, selon des sources étrangères. «Albares a proposé de nouveaux candidats pour la Russie et l'Afrique du Sud au Conseil des ministres, ainsi que d'autres postes clés, comme Paris – qu'il a lui-même occupé jusqu'en juillet – pour continuer à atténuer le goulot d'étranglement des nominations qui a été généré pendant les mois de mandat de González Laya» note la même source. «Le casting diplomatique d'González Laya est pour le moins contestable. Proposer Camilo Villarino pour devenir ambassadeur à Moscou par exemple. Pour ce poste, il faut quelqu'un de plus expérimenté, qui parle russe, comprend les peuples slaves. Sa proposition de nomination avait déjà généré des remous en interne», commente une autre source diplomatique. «La décision du ministre n'a rien à voir avec le Maroc. Albares remet de l'ordre dans l'échiquier diplomatique uniquement», ajoute-t-il. D'autres sources consultées par El Confidential qui connaissent les tenants et aboutissants du ministère des affaires étrangères estiment que plusieurs éléments imbriqués convergent dans le cas de Villarino : la disgrâce de González Laya et de son équipe, l'arrivée d'Albares et la crise au Maroc. «C'est un fonctionnaire avec plus de 30 ans de carrière, le dernier dans une position de pouvoir et d'influence dans laquelle il s'est fait de nombreux amis et aussi de nombreux ennemis. Maintenant, il est du côté des perdants», explique une source proche du dossier. Le ministre Albares, selon des sources, «veut placer Villarino dans une ambassade européenne de milieu de gamme.» «Depuis qu'Albares a pris le portefeuille, tous ses propos, gestes et démarches sont allés dans le sens d'apaiser à tout prix le voisin marocain» a-t-on noté. Pedro Sánchez a remanié son équipe en juillet avec afin de donner un nouvel élan à l'action gouvernementale, usée par la crise de la Covid-19 et une série de revers politiques. Parmi eux se trouve le nouveau chef de la diplomatie, José Manuel Albares, un diplomate de carrière né en 1972 à Madrid qui était jusqu'alors ambassadeur à Paris. Dans une brève allocution lors de sa prise de fonction, M. Albares a esquissé ses priorités, mentionnant notamment l'image de l'Espagne et les relations avec le Maroc. M. Albares a affirmé qu'il voulait «renforcer encore plus nos relations» avec le Maroc, «notre grand voisin et ami du Sud». Ces paroles ont sans doute été bien accueillies =par les autorités marocaines, qui entretenaient des relations exécrables avec la prédécesseur de M. Albares, Arancha González Laya, depuis qu'elle avait autorisé en avril le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, à venir se faire soigner de la Covid en Espagne. Une partie de la presse espagnole estime que le départ de Mme González Laya a pour but de remettre sur les rails les relations avec le Maroc, dont l'aide est essentielle dans la lutte contre l'immigration clandestine.