Le Maroc fait encore morne figure en raison de la place très réduite occupée par les femmes dans ses assemblées élues. Une loi instaurant la parité hommes/femmes pour les candidatures aux élections est réclamée avec insistance. On adopte de plus en plus l'idée selon laquelle, ce serait "tellement mieux" si cette évolution pouvait se produire "naturellement". Le verdict est tombé, seulement 7 % des femmes candidates sont élues aux chambres professionnelles. L'évolution est très timide, et se positionne encore très loin de la parité escomptée. La question de parité homme-femme en matière de représentation politique est toujours d'actualité et suscite le débat. «La mauvaise volonté de nombre de partis politiques perpétue cette réalité. Ce ont des cénacles masculins fonctionnant en circuit fermé, se reproduisant à l'identique, et n'étant pas prêts à se renouveler dans le sens d'une meilleure représentativité féminine» avait affirmé un membre du syndicat du RNI. Les partis politiques continuent de miser sur les hommes Il n'est pas sans savoir que la représentativité des femmes en politique demeure encore très faible dans le Royaume, et que la voie vers la reconnaissance est pénible et longue. Contactée par http://Barlamane.com, l'experte en égalité des genres, Khadija Rebbah ne s'étonne même pas des chiffres annoncés. «Un résultat attendu, le taux des femmes ayant déposé leur candidature n'a pas dépassé les 24%» fait-elle savoir, et ajoute que «les partis politiques n'ont fourni aucun effort, sont toujours fidèles à leurs méthodes archaïques pour les élections, et ne semblent nullement avoir en projet une éventuelle représentativité politique féminine. Sachant qu'il y'a cinq ans de cela déjà, il a été décidé qu'il était temps». «Les femmes sont bel et bien présentes dans plusieurs domaines, comme le développement durable, l'artisanat ou autres, mais en matière de présence des femmes au sein de l'institution législative et l'ensemble des conseils élus, on est loin du compte», déplore Mme Rebbah. Selon l'experte, les femmes ne devraient pas se contenter d'accéder au Parlement mais il leur appartient aussi d'avoir accès aux postes de décision. «Les femmes sont inexistences dans les instances décisionnaires, alors que cela concerne leurs vies et leurs futurs» a-t-elle déploré. Une regrettable réalité. En 2020, pour ce qui est de la représentation politique des femmes, le Maroc avait occupé la 106e place au niveau international, loin derrière le Sud-Soudan dont la représentation féminine en politique était de 28,5 %, ce qui lui a valu la 61e position. Par ailleurs, il convient de rappeler qu'en octobre 2020, le collectif Parité Maintenant, coordonné par Ouafa Hajji, présidente de l'internationale socialiste des femmes et membre du bureau politique de l'USFP, avait lancé une campagne de signature d'une pétition portant le même nom que le collectif afin de créer les meilleures conditions pour que les femmes puissent exercer, en plus de tout le reste, des responsabilités politiques. La pétition s'était basée sur l'article 19 de la Constitution, qui stipule que «l'homme et la femme jouissent à égalité des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel ou environnemental». La pétition comportait en soi une proposition de loi qui viserait à appliquer une parité effective au sein de l'ensemble des institutions du royaume. Pour être reçue au Parlement, un minimum de 5 000 signatures est requis. La proposition de loi a finalement été remise à la Chambre des représentants le 31 décembre 2020, avec un total de plus de 13 000 signatures. Bien que le processus de démocratisation de la société soit encore au ralenti, les voix des femmes comme Khadija Rebbah, Ouafa Hajji et bien d'autres, prouvent qu'elles peuvent encore faire tomber des barrières.