Avec 26,72 % à 17 h, le taux de participation est en baisse de plus de 16 points par rapport aux régionales de décembre 2015 (43,01 %), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Avec une participation historiquement faible à 17 h, l'abstention est partie pour battre de nouveaux records dimanche au premier tour des élections régionales et départementales où le Rassemblement national espère remporter la première région de son histoire. Avec 26,72 % à 17 h, le taux de participation est en baisse de plus de 16 points par rapport aux régionales de décembre 2015 (43,01 %), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Cet effondrement vertigineux devrait déboucher sur un record d'abstention tous scrutins confondus en France, hors référendum. L'abstention la plus élevée pour un premier tour des régionales date de 2010 avec 53,67 %. D'après les premières estimations des instituts de sondage, elle atteindrait cette fois entre 66,5 % et 68,6 %, signifiant que deux électeurs sur trois ne se sont pas déplacés. Les compétences dévolues aux régions (transports, lycées, formation professionnelle...) et départements (collèges, RSA, aides sociales...) touchent pourtant au plus près à la vie quotidienne des Français. Et les enjeux de ce double scrutin sont multiples : le RN va-t-il décrocher sa première région ? Quel avenir pour les candidats potentiels à l'Elysée, nombreux à droite ? La majorité limitera-t-elle la casse ? Qui imposera sa marque à gauche ? Quelles alliances pour le second tour dimanche 27 juin ? Mais, au bout d'une campagne anesthésiée par la crise sanitaire et alors que la vie semble retrouver un semblant de normalité, l'intérêt n'a jamais décollé. À Toulouse, dans le quartier populaire des Minimes, Nico, 36 ans, est passé sans s'arrêter devant le bureau, où comme partout en France, le vote s'est déroulé selon un protocole sanitaire strict face à l'épidémie de la Covid-19 : «Si voter ça changeait quelque chose, ça se saurait.» À Saint-Georges-de-Mons, village de 2 000 habitants dans le Puy-de-Dôme, Melissa Gendre, 27 ans, ne savait, comme de nombreux Français, même «pas de quelles élections il s'agit». «Je n'ai plus confiance... je vote seulement pour la présidentielle», dit-elle. Bureaux fermés Pour ne rien arranger, plusieurs bureaux de vote n'ont pas ouvert dans la matinée à Marseille faute d'assesseurs, une «honte» selon Jean-Luc Mélenchon. Et de nombreux élus ont regretté les dysfonctionnements constatés dans la distribution de la propagande électorale sur tout le territoire. Le président de la République Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont voté à l'heure du déjeuner au Touquet dans le Pas-de-Calais, le même département où son adversaire Marine Le Pen a glissé son bulletin dans l'urne à Hénin-Beaumont. La proximité de l'élection présidentielle a exacerbé mais aussi phagocyté les enjeux de ce scrutin. La sécurité s'est ainsi immiscée parmi les sujets majeurs, alors qu'elle n'est pas une compétence des régions. Deux candidats potentiels de la droite à l'Elysée, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, ont annoncé qu'ils arrêteraient la politique s'ils n'étaient pas réélus dans les Hauts-de-France et en Ile-de-France, contribuant à nationaliser l'échéance. Le Rassemblement national compte, lui aussi, utiliser ces régionales comme tremplin pour Marine Le Pen, candidate déjà déclarée pour 2022. Favorisé par un scrutin à la proportionnelle, le RN est donné en tête au premier tour dans six régions sur treize, en Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Paca), Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne. Dans les sondages, il talonne les présidents sortants dans les Hauts-de-France, Grand Est et en Normandie. En 2015, l'élan du parti d'extrême droite était déjà fort à l'issue du premier tour. Mais il s'était brisé contre la digue du front républicain, dressée notamment par le sacrifice du Parti socialiste en Paca et dans les Hauts-de-France. Cette fois, les partis traditionnels semblent plus réticents à s'effacer complètement pour les six prochaines années. L'entre-deux tours promet des tractations intenses, jusqu'au dépôt des listes mardi 18 h, avec des triangulaires et quadrangulaires à prévoir. Ambitions modestes Il y a six ans, la droite et le centre étaient parvenus à conserver sept régions et le PS cinq. Depuis, ces deux grandes forces de gouvernement ont dévissé au niveau national, mais comptent sur leur ancrage local pour limiter les dégâts. Les ex-LR Valérie Pécresse et Xavier Bertrand restent bien placés, tout comme Laurent Wauquiez, autre postulant possible à l'Elysée, en Auvergne-Rhône-Alpes. La position du PS est plus précaire, alors que les Verts comptent profiter de la dynamique qui les a portés à la tête de plusieurs grandes villes aux municipales. La majorité présidentielle aborde le scrutin avec des ambitions modestes, avec le ministre Marc Fesneau, un MoDem, comme principal atout dans le Centre-Val-de-Loire. En cas de grosse claque, la question d'un remaniement gouvernemental risque de se poser, alors qu'Emmanuel Macron doit exposer début juillet la feuille de route pour la dernière année de son quinquennat qu'il souhaite «utile». Pour les départementales, le scénario est identique : les sortants devront faire face à la poussée du RN qui, là non plus, ne détient aucun département. Cinq collectivités d'outre-mer-Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique-sont également appelées aux urnes pour renouveler les élus de leur département, régions ou collectivité territoriale.