Valérie Pécresse pourra toujours arguer qu'elle n'est pas aidée dans sa mission, entourée qu'elle est par des personnalités hantées par un esprit de vengeance. Lorsque Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et chef de file de l'UMP pour les élections régionales en Ile-de-France, franchira ce mardi matin le perron de l'Elysée à la rencontre de Nicolas Sarkozy, elle est mieux placée que quiconque pour savoir qu'elle ne se rend pas à une distribution de félicitations. Elle vient d'être convoquée par le président de la République, avec les autres têtes de liste, pour une séance de recadrage présidentiel qui ne promet pas que des douceurs. Et pour cause. L'affaire «Ali Soumaré», du nom de ce jeune socialiste candidat dans le Val d'Oise, et dont l'UMP vient opportunément de déterrer le casier judiciaire en le qualifiant de «délinquant multirécidiviste chevronné», semble avoir plongé la campagne de Valérie Pécresse dans des profondeurs d'indignité rarement atteinte. L'affaire se corse quand l'acharnement se fait sur un homonyme qui en dit long sur l'aveuglement raciste de cette attaque. Elle devient déjà malmenée par les sondages à cause d'une campagne terne, sans âme, tout en postures artificielles qui part du kitsch du QJ de campagne aux sorties matinales de ces têtes de listes destinées plus à capter les caméras de télévision que d'accrocher les électeurs, Valérie Pécresse avait du mal à imposer une alternative au socialiste sortant Jean-Paul Huchon dont le bilan jugé pas très brillant le rendait pourtant à portée de victoire. Convoqués avec Valérie Pécresse, Xavier Bertrand le patron de l'UMP et Roger Karoutchi, l'ancien ministre chargé des Relations avec le Parlement que Nicolas Sarkozy avait éloigné du gouvernement de François Fillon pour cause d'incompétence. Roger Karoutchi n'est pas un inconnu de l'Ile-de-France. Il fut platement battu par Valérie Pécresse lors des primaires. A cette époque, Nicolas Sarkozy dont les relations amicales, presque intimes avec Roger Karoutchi ne se démentaient pas, donnait cette impression d'avoir sacrifié son ami pour les beaux yeux de son ministre de l'Enseignement supérieur, jugée, sur le moment plus apte à enlever la région Ile-de-France à la gauche. Valérie Pécresse pourra toujours arguer qu'elle n'est pas aidée dans sa mission, entourée qu'elle est par des personnalités hantées par un esprit de vengeance et de règlement de comptes et qui passent le plus clair de leur temps à semer des peaux de banane sur son passage. Avec les malheurs de Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy traverse une mauvaise séquence politique à double étage. Le premier est qu'il est obligé de se mouiller personnellement dans la campagne des régionales alors que toute sa récente communication était basée sur le principe de distanciation et de hauteur d'un président de la République qui rechigne à se mêler de la basse-cour électorale régionale. Le voilà maintenant qui s'improvise ouvertement coach électoral de Valérie Pécresse. Le second niveau est que d'une manière ou d'une autre, Nicolas Sarkozy est obligé de reconnaître une erreur de casting majeure dans le combat électoral de cette région maîtresse qu'est l'Ile-de-France même s'il n'est pas certain que Roger Karoutchi aurait réalisé de meilleures performances.