La militante algérienne Amira Bouraoui a été condamnée mardi à deux ans de prison ferme pour «offense à l'islam» et à la même peine pour «atteinte à la personne du président de la République», a indiqué une association d'aide aux détenus d'opinion. «Le verdict est tombé dans le procès d'Amira Bouraoui : condamnation à deux ans de prison ferme pour la première affaire, et condamnation à deux ans de prison ferme pour la deuxième affaire», a rapporté le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook. La Dre Bouraoui, une gynécologue de 45 ans, mère de deux enfants de 12 et 16 ans, n'a pas été placée sous mandat de dépôt, a précisé le CNLD. Dans la première affaire jugée mardi, la militante était accusée d'«atteinte aux préceptes de l'islam». Le parquet avait requis cinq ans de prison ferme. La Dre Bouraouidevait répondre dans l'autre affaire d'«outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions», d'«atteinte à la personne du président de la République» et de «diffusion d'informations susceptibles d'attenter à l'ordre public», selon le CNLD. Le parquet avait demandé trois ans ferme. En Algérie, les peines de prison ne se cumulent pas et en cas de multiples condamnations, c'est la peine la plus lourde qui est retenue. La défense doit déposer une requête en ce sens après le jugement en appel. La Dre Bouraoui a déjà purgé une courte peine de prison lors d'un autre procès avant de bénéficier d'une remise en liberté provisoire le 2 juillet 2020, en même temps que trois autres figures de l'opposition. Figure connue de l'opposition de l'ère Bouteflika, elle s'est fait connaître en 2014 comme une des leaders du mouvement Barakat («Ça suffit !»), qui s'opposait au quatrième mandat de l'ex-président déchu. Elle a ensuite activement pris part au mouvement de protestation populaire du Hirak qui a éclaté en février 2019. Le Hirak, qui a poussé M. Bouteflika à démissionner, réclame un changement radical du système politique en place depuis l'indépendance en 1962. Les prises de positions d'Amira Bouraoui ont souvent alimenté des polémiques. Elle a été la cible de virulentes campagnes de dénigrement. Sa condamnation intervient dans un contexte d'intensification de la répression contre des militants du Hirak, des opposants politiques et des journalistes à l'approche des élections convoquées par le pouvoir en juin. Selon le CNLD, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.