Le procès prévu lundi de Karim Tabbou, figure du mouvement (« Hirak ») de contestation en Algérie, a été à nouveau reporté au 29 juin, a indiqué le porte-parole d'une association de défense des détenus. « Le procès de Karim Tabbou est renvoyé au 29 juin. Il avait déjà été renvoyé à deux reprises, les 6 et 27 avril », a précisé le porte-parole du Comité national pour la libération des détenus (CNLD). L'audience de lundi devant le tribunal de Kolea (ouest d'Alger) a été automatiquement reportée car M. Tabbou, 46 ans, n'est pas sous mandat de dépôt dans le cadre de ce procès, où il doit être jugé pour « atteinte au moral de l'armée ». En raison de la pandémie de Covid-19, la justice algérienne se limite à ne traiter que des cas de personnes inculpées, ou en procédure d'appel, et qui sont détenues dans le cadre de ces affaires. Tabbou est passible d'une peine de cinq à dix ans d'emprisonnement pour avoir « participé en connaissance de cause à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la Défense nationale », selon le code pénal algérien. M. Tabbou est emprisonné depuis le 26 septembre pour une autre affaire dans laquelle il a été condamné en appel le 24 mars dernier à un an de prison ferme pour « atteinte à l'intégrité du territoire national ». « Les faits qu'on lui reproche sont les mêmes dans les deux procès », a souligné Me Bouchachi, rappelant que l'on ne peut pas juger un prévenu deux fois pour les mêmes faits. « Toute personne ne peut être poursuivie, jugée ou punie, deux fois, à raison des mêmes faits, même pris sous une qualification différente », a également dénoncé dans un communiqué, le comité de soutien « Sauvons Karim Tabbou » qui regroupe des intellectuels et des militants des droits humains de la diaspora algérienne. Ce vétéran de l'opposition algérienne est un des visages familiers, sinon le plus connu, du « Hirak », le mouvement antirégime qui a ébranlé le pouvoir algérien pendant plus d'un an jusqu'à sa suspension à la mi-mars en raison de la pandémie de Covid-19. Chef d'un petit parti d'opposition non enregistré, l'Union démocratique et sociale (UDS), son portrait était régulièrement brandi lors des marches hebdomadaires du « Hirak » et il est devenu le symbole du mouvement sur la scène internationale. Plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont réclamé sa libération « immédiate et sans condition », ainsi que celle « de tous les prisonniers et prisonnières d'opinion incarcérés » en Algérie. Selon le CNLD, une soixantaine de personnes sont actuellement détenues pour des faits liés au « Hirak ». Le « Hirak » réclame un changement du « système » en place depuis l'indépendance du pays en 1962. En vain jusqu'à présent, même s'il a obtenu en avril 2019 le départ du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans de règne.