La 7e édition du rendez-vous de Casablanca de l'assurance se tiendra, en format digital, les 31 mars et 1er avril 2021 sous le thème de l'inclusion en assurance & résilience aux pandémies à l'initiative de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR). Intervenant à l'ouverture de cet événement, le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, a indiqué que «la crise a permis aux acteurs économiques de mesurer l'étendue de la vulnérabilité dont souffrent de larges pans du tissu productif mais également de la population, en particulier celle occupée dans des activités informelles», d'où l'importance de renforcer la résilience économique et sociale au Maroc. «L'investissement dans la résilience s'inscrit dans une approche prospective de long terme. Il s'agit de passer d'un mode d'action que j'appellerai de sapeurs pompiers, agissant à postériori, à un autre basé sur l'anticipation et la prévention. Il devrait être généralisé à tous les domaines et bénéficier à l'ensemble des catégories de la population. C'est cela qui permettra d'assurer le caractère inclusif de notre développement», a-t-il souligné. Le gouverneur de Bank Al Maghrib a relevé que le développement de l'assurance inclusive figure parmi les objectifs prioritaires de la Stratégie nationale d'inclusion financière. «La feuille de route de cette stratégie prévoit pour ce volet trois axes. Le premier consiste à concevoir des offres innovantes adaptées notamment aux populations à bas revenus, aux micro-entreprises et aux TPME, avec la mobilisation de nouveaux canaux de distribution tels que les associations de microcrédit et les établissements de paiement. Les deux autres consistent à renforcer l'offre d'assurance dans le secteur agricole ainsi que l'éducation financière et la communication», a-t-il ajouté. Sur le plan légal, le projet de loi sur la micro-finance vise à élargir l'activité de ce secteur à la micro-épargne ainsi qu'à l'offre de produits de micro-assurance. «Dans le même sens, nous œuvrons, l'ACAPS et Bank Al-Maghrib, pour la mise en place de l'Assurance Takaful, un produit qui conditionne le développement de la finance participative et qui est en voie de finalisation avec la coordination et la mobilisation de toutes les parties prenantes», relève le wali de BAM, rappelant que l'assurance, en tant qu'industrie contribue significativement à la mobilisation de l'épargne, notamment celle de long terme, est cruciale pour l'investissement et le développement d'un pays comme le nôtre. Abdellatif Jouahri a relevé que les statistiques monétaires qu'élaborent Bank Al-Maghrib montrent que les placements financiers des entreprises d'assurance et de réassurance avoisinent 180 MMDH. De ce montant, 40 MMDH sont investis dans des titres de dettes dont près de 23 MMDH sous forme de bons du Trésor. Ces placements contribuent également à la dynamisation du marché boursier et de l'activité de gestion d'actifs, avec un investissement de près de 123 MMDH sous forme d'actions et de parts sociales. Il a également fait observer que les marges de développement du secteur restent significatives. En effet, le taux de pénétration mesuré par le ratio des primes émises au PIB se situe à 3,9%, un chiffre certes parmi les plus élevés de la région, mais qui reste en deçà de ceux observés dans les économies avancées où il atteint en particulier 9% pour les pays de l'OCDE. De surcroît, les données de l'enquête «Capacités financières» réalisée par BAM et la Banque mondiale en 2013 montrent que seuls 2% des Marocains ont déclaré avoir souscrit à des produits d'assurance non obligatoires. Plusieurs facteurs expliqueraient ce constat, les offres peu adaptées, la couverture géographique limitée du réseau de distribution, le faible niveau de connaissances et de compétences financières, mais aussi et surtout les bas niveaux de revenus. A.J. mentionne que le secteur de l'assurance, à l'instar des autres activités de la finance et de l'économie en général, se trouve aujourd'hui face à des changements de paradigmes et à des mutations profondes dont certaines ont commencé bien avant la crise et pour d'autres, celle-ci en a été le catalyseur. L'un des défis importants auxquels fait face l'industrie de l'assurance aujourd'hui est le niveau bas des taux d'intérêt, mais aussi le changement climatique, dont les conséquences sont manifestes, inondations, sécheresses, incendies... Une prise de conscience de plus en plus généralisée de cet enjeu amène les décideurs publics et privés à en tenir compte dans leurs décisions. Dans le secteur financier en particulier, le verdissement est une tendance qui prend de l'ampleur avec une orientation vers son intégration progressive parmi les normes et les standards de régulation et de supervision. «Aujourd'hui, notre pays connaît une nouvelle donne majeure qui va vraisemblablement métamorphoser le paysage social. Le chantier lancé récemment par le Roi pour généraliser la couverture sociale constitue une véritable révolution qui devrait permettre à notre pays de réaliser un saut qualitatif en matière de développement humain et de réduire ainsi le déficit structurel qu'il enregistre dans ce domaine depuis son indépendance. A cet égard, nous sommes tous, gouvernement, régulateurs, opérateurs, appelés à nous mobiliser pour l'aboutissement de ce chantier. Je suis convaincu que le secteur de l'assurance, qui a toujours veillé à apporter sa contribution aux actions et aux politiques visant le développement de notre pays, ne manquera pas de s'inscrire résolument dans cette vision royale et œuvrer pour sa pleine concrétisation», a-t-il conclu.