La présidence marocaine de la COP a dévoilé ce matin la feuille de route du secteur financier pour le climat. L'annonce a été faite au cours d'une conférence de presse donnée par Mohamed Boussaid, ministre de l'Economie et des Finances, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, et Nizar Baraka, président du comité scientifique COP22. Plusieurs hauts responsables marocains y ont pris part, dont notamment la présidente de l'Autorité marocaine du marché des capitaux, le président de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, le président du Groupement professionnel des banques du Maroc. La clôture de la conférence de presse a été marquée par la signature de plusieurs conventions visant à consolider la coopération climatique aussi bien au Maroc qu'en Afrique. Dans son allocution M. Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank-Al-Maghrib a fait savoir que cette feuille de route est le fruit de la collaboration de l'ensemble des régulateurs et professionnels du secteur financier. Elaborée en coordination avec la commission scientifique de la COP22, ce tableau traduit la mobilisation des institutions financières et bancaires marocaines face à la problématique de la transition vers une économie plus responsable et plus durable. Traçant la philosophie du secteur financier en matière de lutte contre de changement climatique, le Wali de Bank-Al-Maghrib est d'abord revenu sur les principales initiatives portées par les institutions du secteur afin de faire émerger un modèle adapté aux exigences du développement durable. « Les banques participent de manière conséquente au financement des programmes de développement des énergies renouvelables qui devraient satisfaire 52% des besoins du pays à l'horizon 2030 » a fait remarquer M.Jouahri. Pour sa part, le secteur des assurances « offre depuis 2011, une assurance multirisques climatique qui couvre actuellement un million d'hectares ». a-t-il ajouté. Bank-Al-Maghrib quant à lui a rejoint « le réseau de la Banque durable » qui permet aux organismes de régulation des pays émergents à développer des politiques de crédit responsable et des lignes directrices de gestion des risques environnementaux et sociaux. Fermement engagé à relever le défi d'une transition vers une économie bas carbone, le Maroc a cristallisé son action sur cinq axes majeurs. Le premier est relatif au développement d'instruments et de produits financiers durables, ainsi les banques et les compagnies d'assurances s'engageront à mobiliser des ressources vertes en vue de soutenir les projets en développement durable. Le deuxième exige aux régulateurs de s'assurer que les ressources vertes durables mobilisées soient effectivement allouées à des projets éligibles, tandis que le troisième s'engage à améliorer les conditions d'accès de la population aux produits et services financiers durables innovants, de qualité et abordables, adaptés à leur activités génératrices de revenus. Enfin le quatrième et cinquième axe sont dédiés au renforcement des capacités dans le domaine de la finance durable. Les institutions financières feront preuve à cet égard d'exemplarité en favorisant l'émergence d'une véritable culture interne des risques environnementaux. C'est le cas de la Bourse de Casablanca qui compte mettre en place un indice ESG « Responsabilité Environnementale sociale et de gouvernance, qui regroupera les entreprises cotées ayant obtenu les meilleurs notes dans le classement réalisé par les agences de notation spécialisées. Au plan africain, une première initiative sera lancée à l'occasion de la COP22 par l'Autorité Marocaine du Marché des capitaux en collaboration avec la bourse de Casablanca. L'objectif est de fédérer les régulateurs et les bourses des pays africains autour d'engagements en faveur du développement des marchés de capitaux verts en Afrique. De son coté, Bank Al Mghrib devait également réunir en collaboration avec le programme des Nations Unies pour l'environnement, les banques centrales du Nord et du Sud autour de la problématique du développement durable. A l'orée de la COP 22, BAM a investi dans les green bonds de la Banque mondiale pour un montant de 100 millions de dollars. Cette émission servira en particulier à financer des projets de développement durable dans des pays d'Afrique.