Le Maroc a acquis 65 millions de doses des deux vaccins pour lesquels le Royaume a opté, à savoir Sinopharm et AqtraZeneca, et les préparatifs pour le lancement de la campagne nationale de vaccination, qui cible 25 millions de personnes, vont bon train. Un groupe de professionnels de santé, présidé par Pr Mohammed Bouskraoui, doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech et président de la Société marocaine d'infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (SOMPIPEV), a ainsi élaboré un document présentant des réponses aux questions les plus posées sur les vaccins anti-Covid. Selon ce document consulté par Barlamane.com/fr, l'objectif de la vaccination est à l'heure actuelle d'assurer la meilleure protection possible de la population contre la Covid-19, diminuer les formes graves et les cas mortels tout en maintenant les capacités du système de santé. En ce qui concerne l'efficacité et la protection des vaccins, le groupe de chercheurs souligne qu'il est trop tôt pour savoir s'ils conféreront une protection à long terme. D'autres travaux de recherche sont nécessaires pour répondre à cette question. « Cependant, il est encourageant de constater que, d'après les données disponibles, la plupart des personnes qui guérissent de la Covid-19 développement une immunité qui offre au moins une certaine protection contre la réinfection – bien que nous ne sachions pas encore à quel point cette protection est forte et combien de temps elle dure », précise-t-on. Il est possible que l'efficacité des vaccins soit très élevée pendant des années, ou qu'elle diminue après 3-4 mois pour se stabiliser ensuite, ou encore qu'elle diminue de manière continue. Ainsi, on ne peut pas encore exclure qu'une vaccination périodique soit nécessaire pour les personnes à risques, comme c'est le cas avec la grippe. Par ailleurs, les chercheurs affirment que les vaccins devraient rester efficaces malgré les mutations du virus. « Il est possible que le virus mute, comme le virus de la grippe, ce qui explique la nécessite d'une campagne de vaccination annuelle. Il est avéré que différentes souches du virus circulent mais l'efficacité du vaccin ne sera pas pour autant amoindrie. En effet, la protéine Spike vers laquelle se dirigent nos anticorps et qui est ciblée par le vaccin n'est pas affectée par les mutations. De plus, la Covid-19 mute beaucoup moins que le virus de la grippe. Il ne devrait donc pas être nécessaire de modifier le vaccin de la même façon ou à la même fréquence », indique-t-on. Au total et pour l'instant, très peu de mutations ont été observées pour le SRAS-CoV-2 qui semble avoir un taux de mutation deux fois plus lent que l'influenza. Ce rythme lent de mutation serait donc une bonne nouvelle pour l'efficacité du vaccin qui sera donnée aux Marocains. Des systèmes de surveillance internationaux sont en place pour repérer si de telles mutations se produisaient. S'agissant de l'accélération du processus de développement et de production des vaccins, on indique que « la pandémie a nécessité une réponse beaucoup plus rapide que le schéma traditionnel ». Cette accélération a été facilitée par plusieurs facteurs, notamment le développement préalable de vaccins de deux « cousins » très proches du Sars-Cov-2, à savoir le Sars-Cov et le Mers-Cov. Le développement clinique a été réalisé de façon adaptative et beaucoup plus rapide, avec des essais de phase I/II progressant en phase III après analyses intermédiaires. Le troisième facteur très important est qu'un risque financier a été pris par les entreprises pour avancer plus vite sans une assurance de rentabilité à chaque étape. Un exemple assez frappant est que plusieurs entreprises produisent déjà la forme commerciale avant la fin de leurs études de phase III, ce qui a permis un énorme gain de temps, mais aussi un énorme risque financier si les études ne sont pas concluantes. Enfin, le quatrième facteur est les autorités de santé évaluent les dossiers des candidats vaccins en urgence et de façon continue, avant même que le dossier final soit abouti.