Le ministère de la Santé a annoncé, ce lundi, le lancement de la campagne nationale de prévention contre la grippe. Cette année, la vaccination contre la grippe saisonnière ne se fera que sur prescription médicale et la campagne de vaccination sera difficilement accessible aux personnes qui ne sont assujetties à aucun des régimes d'assurance maladie obligatoire de base puisque la dose sera vendue à 125,30 dirhams. Contacté par Barlamane.com, Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens d'officine, dénonce la décision du ministère de la Santé d'imposer une ordonnance médicale aux personnes désirant de se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Il a, à cet égard, indiqué que les responsables de la Direction des médicaments et de la pharmacie, relevant du ministère de la Santé, ont tenu mercredi dernier une réunion, via zoom, avec les syndicats des pharmaciens d'officine « non pas pour discuter des modalités de vaccination ni pour prendre notre avis sur la question mais pour nous imposer les nouvelles mesures restrictives par rapport à la dispensation du vaccin contre la grippe ». Ainsi, les pharmaciens devront déclarer chaque jour tous les flux de vaccin. Tout d'abord, les patients devront présenter une ordonnance « pour justifier leur achat ». Les pharmaciens doivent, par la suite, garder une copie de la prescription médicale et remettre le vaccin avec une carte vaccinale aux bénéficiaires. « Ce sont des mesures qui n'encouragent pas les citoyens à se vacciner contrairement à ce que préconise l'OMS. Les personnes qui souhaitent se faire vacciner devront désormais débourser entre 400 et 450 dirhams pour payer les frais de consultation, du vaccin et l'acte de vaccination », précise-t-il dans une déclaration à Barlamane.com. M. Lahbabi souligne que la quantité de doses de Vaxigrip acquises par le ministère de la Santé est insuffisante pour vacciner le maximum possible de la population. Rappelons que selon la circulaire 080/15/DELM/2020 du ministère de la Santé, cette campagne inclura des vaccinations en masse pour les professionnels de la santé et les personnes à haut risque. Il s'agit principalement des femmes enceintes au cours des deuxième et troisième trimestres, les enfants de moins de 5 ans, les personnes âgées de 65 ans et plus, les diabétiques et les patients souffrant d'insuffisance rénale terminale ou de maladies chroniques. « Au moins 5 millions de Marocains seraient atteints de diabète. Dans son communiqué, le ministère de la Santé indique prévoir la vaccination de 60% des personnes à risque, notamment les diabétiques. Ainsi, presque 3 millions de personnes atteintes de diabète devraient, en principe, recevoir le vaccin antigrippal, au moment où le Maroc n'a malheureusement importé que 300 000 doses (pour toutes les catégories des personnes à haut risque et vulnérables et pour professionnels de la santé)« , fait savoir le président de la Confédération des syndicats des pharmaciens d'officine. « Je tiens à souligner que les professionnels de la santé et les pharmaciens ont alerté, depuis juillet, sur la nécessité de cibler cette année une plus grande tranche de la population en vue du contexte de pandémie. Toutefois, les responsables ont fait la sourde oreille à notre demande. Aujourd'hui, si le citoyen va à la pharmacie et ne trouve pas de vaccins, le pharmacien n'est pas du tout responsable. Nous nous dégageons de toute responsabilité concernant les quantités de vaccins livrées aux pharmacies », conclut-il. Rappelons que chaque année, jusqu'à 650 000 décès seraient associés aux affections respiratoires dues à la grippe saisonnière. Ces chiffres témoignent de la forte charge de mortalité due à la grippe et de son coût social et économique considérable à l'échelle mondiale. Ils soulignent l'importance de la prévention face à l'épidémie saisonnière de grippe et la pandémie du coronavirus.