Selon le préfet du département de Birni Nkonni, Philip Walton a été enlevé à Massalata par «six hommes armés de kalachnikov». Un Américain a été enlevé dans la nuit de lundi 26 au mardi 27 octobre par des hommes armés dans le sud du Niger, à Massalata, village situé près de Birni Nkonni (400 km à l'est de Niamey) tout près de la frontière avec le Nigeria, une zone où prospèrent bandits et contrebandiers. Selon le préfet du département de Birni Nkonni, Ibrahim Abba Lelé, les «six hommes étaient armés de kalachnikov» et sont repartis sur «trois motos» en direction du Nigeria. Une version confirmée par le chef du village, Ibrahim Dagual. La victime, Philip Walton, était installée à Massalata avec sa femme et un enfant depuis deux ans, selon son père qui habite Birni Nkonni, vit au Niger depuis près de trente ans et est décrit comme un «missionnaire» par les autorités locales. Le reste de la famille a été ligoté par les assaillants et la police n'a été prévenue qu'au bout de quatre heures environ. «Ils cherchaient de l'argent dans la maison mais il n'y en avait pas assez. Il n'y avait que 20 000 francs CFA (30 euros). Suite à cela, ils sont partis avec lui», a affirmé son père à la radio locale Niyya de Birni Nkonni. «Tous les six hommes étaient armés», a souligné M. Walton, qui a précisé qu'ils s'exprimaient en haoussa avec des bribes d'anglais. Un porte-parole du département d'Etat américain à Washington a confirmé qu'un «citoyen américain avait été enlevé au Niger», soulignant que les Etats-Unis «travaillaient étroitement avec les autorités locales pendant qu'elles mènent leurs recherches». Les Américains disposent de deux bases de drones à Agadez et Dirkou, au nord du Niger. Leurs appareils survolent le Sahel en permanence et sont un soutien important à la force française antidjihadiste Barkhane. En 2017, quatre soldats américains des forces spéciales et cinq militaires nigériens avaient été tués dans une embuscade à Tongo Tongo, près du Mali, dans le sud-ouest du Niger. Cette attaque avait été revendiquée par l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) alors qu'officiellement les Etats-Unis ne disposaient pas de troupes en opération au sol. Loin du rayon d'action habituel des djihadistes Le Sahel est régulièrement le théâtre d'enlèvement d'Occidentaux par des groupes djihadistes. Début octobre au Mali, la Française Sophie Pétronin et deux otages italiens ont été libérés, mais plusieurs restent détenus au Sahel. Parmi eux, l'humanitaire américain Jeffery Woodke, enlevé au Niger en octobre 2016 à Abalak, à environ 200 km au nord de Birni Nkonni. Toutefois la zone dans laquelle Philip Walton a été enlevé est loin du rayon d'action habituel des groupes djihadistes. C'est une zone de contrebande et de banditisme actifs, grâce à la porosité de la frontière entre le Niger et le Nigeria. En août, six humanitaires français et deux Nigériens avaient été assassinés à 60 km à l'ouest de Niamey dans la réserve naturelle de Kouré, une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI). L'attaque a traumatisé toute la communauté étrangère du pays. Le Niger, pays sahélien très pauvre, est en proie à des attaques djihadistes récurrentes qui ont fait des centaines de morts. Avec le Mali et le Burkina Faso voisin, il est au cœur d'une immense zone écumée par des groupes djihadistes se revendiquant d'EI ou de son rival Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), et où sont déployés quelque 5 100 soldats français de la force antiterroriste Barkhane. Le Niger fait également face à des attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram, à ses frontières sud-est. Outre des raids meurtriers, Boko Haram multiplie les enlèvements d'habitants, libérés contre rançon.