Les États de Bahreïn et d'Israël ont paraphé dimanche à Manama, capitale de l'archipel, un document qui établit des relations diplomatiques entre les deux pays, un mois après la signature à la Maison Blanche d'un accord de normalisation entre les deux pays, devenant le quatrième pays arabe à effectuer cette démarche diplomatique. Une délégation israélienne et des représentants de Bahreïn ont établi officiellement dimanche 18 octobre des relations diplomatiques lors d'une cérémonie à Manama. L'ouverture d'une ambassade israélienne est prévue dans les mois à venir, a indiqué un responsable israélien. L'accord de normalisation « représente une avancée historique importante pour réaliser la sécurité, la paix et la prospérité », avait déclaré un peu plus tôt dans la journée le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdellatif al-Zayani à l'aéroport international de Manama. « Ce grand jour fera de la paix une réalité. Ces relations vont bénéficier aux deux parties dans divers domaines », a assuré à ses côtés le conseiller à la sécurité nationale israélienne, Meir Ben-Shabbat, qui s'est exprimé en arabe. Quatrième pays arabe à normaliser les relations avec Israël Monarchie arabe du Golfe où siège la Ve flotte américaine, le petit royaume de Bahreïn est devenu le quatrième pays arabe à normaliser les relations avec Israël. Des traités de paix avaient été signé avec l'Égypte, en 1979 et avec la Jordanie, en 1994, mettant fin à l'état de guerre avec ces États arabes voisins. Bahreïn et les Émirats arabes unis, une autre monarchie arabe du Golfe, ont signé séparément avec Israël le 15 septembre des accords officialisant la normalisation de leurs relations lors d'une cérémonie à la Maison Blanche. Une animosité commune envers l'Iran Les accords de normalisation avec Bahreïn et les Émirats ont été dénoncés par les Palestiniens comme une « trahison », alors que la résolution du conflit israélo-palestinien était jusque-là considérée comme une condition sine qua non pour une normalisation entre Israël et les États arabes. Avant son départ de Tel-Aviv, Meir Ben-Shabbat a déclaré que les rencontres à Bahreïn avaient « pour objectif de traduire par des programmes concrets les accords signés à la Maison Blanche », notamment dans les domaines économique, du tourisme, de l'aviation et des technologies. Venu à Manama avec la délégation israélienne, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a mis l'accent sur « l'opportunité » que représentent selon lui ces accords pour les économies des pays concernés, notamment dans le domaine des technologies, dans une déclaration aux journalistes durant le vol. Les Émirats arabes unis et Bahreïn n'ont jamais été en conflit avec l'État hébreu. Mais ils partagent avec Israël une animosité envers l'Iran, ennemi numéro un des États-Unis dans la région. Gouverné par une monarchie sunnite, Bahreïn accuse l'Iran chiite d'être à l'origine de troubles sporadiques dans le royaume depuis 2011, date à laquelle les autorités ont réprimé des manifestations de sa communauté chiite exigeant des réformes. La normalisation des relations diplomatiques avec Israël a provoqué des manifestations dans des villages chiites du royaume. L'Arabie saoudite campe sur ses positions Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a maintes fois déclaré que d'autres pays arabes pourraient établir des relations officielles avec Israël, estimant que ces États privilégiaient désormais l'aspect économique plutôt que la résolution du conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus de cinquante ans. L'administration américaine de Donald Trump tente de convaincre d'autres pays arabes de se rapprocher d'Israël, proche allié de Washington. Plus tôt cette semaine, le secrétaire d'État, Mike Pompeo, a dit espérer que l'Arabie saoudite, chef de file des monarchies arabes du Golfe et rival de l'Iran dans la région, « envisagerait de normaliser ses relations [avec Israël] ». Selon lui, les accords avec les Émirats et Bahreïn « reflètent les changements dans la dynamique de la région ». « Ces pays reconnaissent à juste titre le besoin de coopération régionale pour contrer l'influence iranienne et favoriser la prospérité. » Une reconnaissance d'Israël par l'Arabie saoudite constituerait un vrai tournant au Moyen-Orient. Mais le royaume a clairement dit qu'il ne suivrait pas l'exemple des Émirats et de Bahreïn, qui ont rompu un « consensus arabe » conditionnant toute normalisation avec Israël à un règlement du conflit israélo-palestinien.