L'enquête pour viol visant Omar Radi a repris mardi 13 octobre. Un juge d'instruction à Casablanca a entamé les investigations sur les graves accusations de portées contre le journaliste. Hafsa Boutahar, victime déclaré de Omar Radi, contactée par Barlamane.com, dénonce les complaisances et les complicités, réclame de replacer sa cause sur le terrain judiciaire d'où elle n'aurait jamais dû sortir et fustige l'AMDH ainsi que la faillite morale de l'Humanité et de Médiapart. Hafsa Boutahar se livre à Barlamane.com/fr et riposte fermement. Elle dénonce l'article à charge réalisé par Rosa Moussaoui de l'Humanité et Rachida El Azzouzi de Médiapart à son égard, qualifie les questions que lui ont adressées les deux journalistes de «policières» et les deux supports de «non-professionnels» auxquels il est impossible de «se confier». La procédure judiciaire visant le journaliste controversé Omar Radi, 34 ans, a repris mardi 13 octobre avec sa deuxième comparution devant un juge d'instruction à Casablanca alors que son accusatrice est harcelée par une frange de la presse française et certaines ONG. Omar Radi, qui a été entendu durant huit heures, avait été placé en détention provisoire le 29 juillet à la prison d'Oukacha, à Casablanca. Il confronte trois catégories de chefs d'inculpation : «atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat», «atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat» ainsi que viol, attentat à la pudeur et évasion fiscale. Son procès a commencé le 22 septembre. Alors que le parquet a demandé au juge d'instruction d'enquêter sur des «délits relatifs à l'attentat à la pudeur avec violence et viol», après une «plainte déposée par Hafsa Boutahar», cette dernière croit en la justice de son affaire. «Deux avocats me défendent. Lui [Omar Radi] jouit du soutien de 12 avocats. Je ne suis qu'une journaliste qui consacre l'essentiel de modeste subsistance pour se défendre» a-t-elle dévoilé, avant de critiquer le déchaînement contre elle, déclenché en partie par les soutiens de Radi : «On s'est efforcé de saper ma crédibilité, on a cherché à me déstabiliser. Je ne lâcherai rien.» Hafsa Boutahar désavoue des procédés inavouables, de faux points de vue, des perspectives trompeuses, une cabale contre elle. «La question est de savoir si tous ceux qui m'attaquent ont mesuré la portée de ce qu'ils faisaient, s'ils ont été prévoyants en engageant toute leur force contre une seule femme. La responsabilité éthique ne serait-elle donc qu'un vain mot ?», a-t-elle énoncé. Rien n'a été négligé pour donner de l'ampleur à ce procès. Tout a été mis en œuvre, suppositions, potins, divulgations calculées. Hafsa Boutahar, elle, tient aux normes judiciaires. «Je ne peux livrer aucune information vu que je suis tenue au secret de l'enquête et de l'instruction. Mon accusateur est soutenu par une armada d'avocats alors que mon affaire est très ordinaire : viol avec violence. On cherche à politiser mon affaire, on m'accuse d'être à la solde de je ne sais quelle partie. Je nie catégoriquement tout cela. L'interrogatoire a duré huit heures. Je veux défendre ma dignité ainsi que la dignité de toutes les femmes» indique-t-elle. Sur les agissements d'une certaine presse française, elle est amère : «Malheureusement, ces individus sont dépourvus de moralité. Ils prétendent être des journalistes professionnels tandis qu'ils me salissent. Ils m'ont contactée, me faisant accroire qu'ils soutiennent et défendent ma cause ; c'était une duperie, une mystification dans tous les sens du terme. J'ai décliné toutes les sollicitations de Médiapart et l'Humanité parce qu'ils m'ont adressé des questions policières qui n'avaient nul rapport avec mon dossier. Elles concernaient d'autres personnes. Leur article invente des accusations contre moi, me diffame, me calomnie» s'est-elle indignée. «Cette presse, faisant la police d'elle-même, flétrissait avec sévérité ma réputation et tentait de dégrader mon honneur. On sème à pleines mains des germes de mensonge.» Extrait des questions adressées par Rosa Moussaoui de l'Humanité et Rachida El Azzouzi de Médiapart à Hafsa Boutahar, dignes d'un interrogatoire policier Hafsa Boutahar évoque également les insinuations malveillantes des deux supports plusieurs fois condamnés par la justice française. On peut lire dans l'article publié le 25 septembre par Médiapart et l'Humanité, cet extrait : «Le 16 octobre 2017, à 10 h 56, Taoufik Bouachrine reçoit ce message : "bonjour M. TAOUFIK Chui hafsa boutahar journaliste " La jeune femme ne précise pas le motif de son message. Professionnel ? Personnel ? Ignorée par le destinataire, elle s'en tiendra à cette lapidaire tentative de prise de contact. Interrogée sur ce SMS, Hafsa Boutahar n'a pas souhaité nous donner d'explications.» Sauf que Hafsa Boutahar a clarifié à Barlamane.com ce point : «Le message fuité a été destiné à une personne aujourd'hui emprisonnée. On insinue que c'est un traquenard, à tort. Son contenu est purement professionnel. J'ai approché l'ex-directeur d'Akhbar al-Yaoum pour un emploi. Ce SMS, resté sans réponse, a été envoyé au numéro professionnel de Toufik Bouachrine. Je me demande seulement : qui a pu divulguer le contenu de ce message aux deux journalistes françaises, et pourquoi ? Osera-t-elle exposer la demande de travail que je lui ai adressée ?» s'exclame-t-elle. «Ces journaux, dans les circonstances auxquelles je fais allusion, ont eu des travers éthiques que je ne saurais trop déplorer : ils avaient l'air de prendre plaisir à me contrarier, à irriter contre moi le public» a-t-elle déclaré. «Je n'abandonne pas mes droits. Nous, les femmes marocaines, n'abdiquons jamais nos droits. Envers et contre tous. Je résiste au déchaînement outré et offensant de certaine presse qui s'est livrée à d'étranges excès contre moi. Je dénonce l'outrage, l'injure, la calomnie, la diffamation. Je dénonce l'Association marocaine pour les droits humains (AMDH) qui m'a vendue. Cette association n'avait pas assez de dédain pour mon affaire confesse-t-elle, j'assiste à ses errements et à ses pris-partis. Ils marchandent avec les droits de l'homme.» Hafsa Boutahar évoque également que le président de l'AMDH a rejeté la responsabilité sur l'avocat de l'association à la suite de la divulgation du contenu de sa séance d'écoute. «Mon affaire est une affaire juste d'une femme qui réclame justice. Ceux qui s'en sont emparés afin de soulever des indignations et des colères aveugles ont échoué : c'est précisément ce qu'ils désiraient. Ils espéraient aboutir par ces moyens indirects, dangereux, et coupables, à discréditer ma cause. N'ayant pas réussi à aborder la question sur le terrain juridique, ils prétendaient la poser sur un autre» a-t-elle conclu.