Les ONG aiguisent leurs haches pour la discréditer, des médias français se disputent à qui possédera la chance de la manipuler. Mais Hafsa Boutahar résiste, dénonce l'exploitation faite de son affaire et des machinations montées de toutes pièces. C'est un système qui n'exige pas grands frais de vérité contre une victime de viol. Ingénieux mensonges, habiles papiers, qui tendent à faire supposer que Omar Radi est visé pour son métier. Sa victime, Hafsa Boutahar, dénonce une certaine presse française qui approuve sans retenue les thèses qui valident les allégations de son agresseur. La procédure judiciaire visant Omar Radi, 34 ans a débuté le 22 septembre avec sa comparution devant un juge d'instruction à Casablanca, dans un climat de persécution à l'égard de sa victime présumée, Hafsa Boutahar. Elle reprendra le mardi 13 octobre. Omar Radi avait été placé en détention provisoire le 29 juillet à la prison d'Oukacha, à Casablanca. Il est visé par trois catégories de chefs d'inculpation : «atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat», «atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat» ainsi qu'évasion fiscale, viol et attentat à la pudeur. Dans le sillage de l'enquête publiée par les sites Médiapart et l'Humanité, dont les approximations ont suscité colère et polémiques, Hafsa Boutahar a exprimé son écœurement sur le réseau social Twitter. Elle a renouvelé avec un surcroît d'énergie ses protestations contre les deux supports qui ont cherché à manipuler sa parole en mettant en avant des hypothèses hasardées. Une enquête qui s'est faite sous l'influence d'un sentiment assez marqué d'antipathie contre elle. Les deux médias suscités s'étaient pris d'un superbe dédain pour Hafsa Boutahar, condamnant au silence et à l'obscurité son nom. Que signifient donc ces attaques intempestives et sans mesure dirigées à tout propos cette jeune femme, et qui se renouvellent et s'acharnent comme si elles avaient conscience de leur peu de consistance ? Hafsa Boutahar condamne le même dogmatisme, la même intolérance, le même enthousiasme effréné pour son abuseur, la même négation envers les victimes de viol. Dans un communiqué, elle détaille son coureaux. Telle est l'amère vérité que j'ai endurée durant cette sombre nuit du 12 au 13 juillet 2020. Le reste n'est que falsification de la vérité. Pour ma part, mon parti est celui de la justice, rien que la justice. Hafsa boutahar@MoroccoWNews@yabiladi_fr pic.twitter.com/rgTpbS7cak — Hafsa Boutahar (@hafsa_boutahar) October 12, 2020 «Médiapart et l'Humanité, qui se targuent d'être des "défenseurs des droits humains", particulièrement des femmes, ont été démasquées dans cet article à charge contre une victime de viol. Est-ce parce le viol n'est que celui d'une femme marocaine ? Cette réalité est pitoyable. Elles défendent mon violeur parce que cela fait partie d'une vaste stratégie dirigée contre mon pays, le Maroc, écrit-elle. En France, les femmes violées jouissent d'un soutien dans la presse et par des associations. Dans mon cas, les deux médias français cherchent à me priver de ce droit parce que je suis marocaine et que mon violeur serait un défenseur des droits humains. onc, politiser au maximum et instrumentaliser mon dossier pour mieux servir leur propagande anti-Maroc. J'ai décidé par ailleurs de ne pas répondre aux questions des deux journalistes de Médiapart et de l'Humanité parce qu'elles ont eu recours à des méthodes de barbouzerie primaires. Elles m'ont prise comme un simple appât pour m'enfoncer et me dénigrer. #CultureDuViol, a-t-elle ajouté. Omar Radi sait au fond de lui-même le crime qu'il a commis à mon encontre : un viol abject commis sur une consœur, une collègue et amie qui l'a toujours soutenu dans ses démêles avec la justice. Mais in fine, il s'est avéré n'être qu'un macho qui perçoit la femme comme un simple objet de satisfaction de ses désirs les plus refoulés, a-t-elle précisé, indiquant qu‘une troisième personne connaît, elle aussi, l'amère vérité à savoir Imad Stitou qui déclare "avoir tout vu et tout entendu". Personnellement, j'avais la conviction qu'il était endormi sous l'effet des bouteilles d'alcool ingurgitées. Mais puisqu'il affirme lui-même qu'il était éveillé et qu'il suivait ce qui se déroulait de l'autre côté de la pièce, j'ai décidé de le poursuivre en justice pour faux témoignage et non-assistance à personne en danger. J'étais vraiment en danger sous l'étreinte de mon violeur qui s'acharnait. Telle est l'amère vérité que j'ai endurée durant cette sombre nuit du 12 au 13 juillet 2020. Le reste n'est que falsification de la vérité. Pour ma part, mon parti est celui de la justice, rien que la justice» a-t-elle conclu. L'affaire Omar Radi est-elle enfin redevenue ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être, une affaire purement judiciaire ? C'est à espérer. Il semblerait que, pour jouer le rôle qui le leur appartient dans ce dossier, certains médias ont commencé par abdiquer toute liberté de respecter la souffrance de la victime d'un viol en vue que cette affaire obéisse à toutes les directions et à toutes les prévisions. Il faut se souvenir des paroles terribles de Hafsa Boutahar : « Si [Omar Radi] n'était pas allé parler de moi dans les bars en riant de ce qu'il m'avait fait subir, peut-être que je me serais tue comme la plupart des personnes qui se font violer. Vous croyez vraiment que c'est facile de s'adresser à la justice pour ce genre de chose dans une société comme la nôtre ? Que c'est facile de prendre le risque qu'on vous réponde que vous l'avez peut-être bien cherché ? Qu'on se demande ce que vous faisiez là ? Je me suis posé mille fois la question : allait-on m'aider ? Omar Radi est très connu et a de nombreux soutiens et moi, je n'ai rien. »