Omar Radi a déjà été condamné, en mars, à quatre mois de prison avec sursis pour avoir diffamé un juge. L'ONG Amnesty International refuse d'écouter sa victime qui a livré un récit accablant contre le journaliste. L'ONG Amnesty International a opposé une fin de non-recevoir aux exhortations de la plaignante dans l'affaire du journaliste Omar Radi. L'accusatrice de ce dernier avait lancé mercredi une charge virulente contre l'ONG. Elle avait déjà livré un récit très cru de sa mésaventure. Omar Radi, 33 ans, est accusé par Hafsa B. de l'avoir violée en juillet 2020. Le journaliste a reconnu, lors de son interrogatoire, une relation «consentie» avec la plaignante. Il reste incarcéré et son procès commencera le 22 septembre. Sur Twitter, Hafsa Boutahar, dépitée, déclarée : «J'ai écrit à Amnesty au sujet du viol dont j'ai été victime... L'ONG a ignoré ma correspondance et n'y a pas interagi. Il me semble qu'en tant que victime de viol, je n'entre pas dans leurs intérêts, et je dois me fier à la loi qui me rendra justice.» Dans la foulée, Ibtissam Lachgar, militante féministe du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), s'est fendu d'un tweet au vitriol, affirmant qu'«Amnesty est une organisation patriarcale.» Omar Radi a été placé en détention, le 29 juillet, pour «viol» et «réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat», a annoncé la justice. Il a été transféré à la prison d'Oukacha à Casablanca. Le parquet a demandé au juge d'instruction d'entamer des enquêtes sur des «délits relatifs à l'attentat à la pudeur avec violence et viol», après une «plainte déposée par une citoyenne», qui a livré un récit terrifiant sur ce qu'elle a connu avec le journaliste. Omar Radi fait également l'objet d'une deuxième enquête «au sujet de la réception de fonds de parties étrangères en vue de porter atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat» et «de mener des contacts avec des agents de pays étrangers pour nuire à la situation diplomatique du Maroc», selon le parquet. Pour rappel, Omar Radi a été interpellé début juillet «à la suite d'une altercation avec un cameraman d'un média électronique». Mis en cause pour «ivresse publique et violences» selon le porte-parole de la direction générale de la sûreté nationale (DGSN), il a été placé en garde à vue avant d'être relâché quelques heures plus tard. Le 14 septembre, et en réaction à un communiqué d'Amnesty International, sur les affaires de Omar Radi, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a indiqué que «cela affecterait la réputation de la justice et affaiblirait la confiance en ses décisions», appelant Amnesty international «à s'abstenir de s'ingérer dans ses décisions et ses verdicts». Le Conseil a exhorté «les magistrats à s'attacher à leur indépendance et à ne pas céder aux influences qu'ils pourraient subir, quelle qu'en soit la source, à ne se référer dans leurs verdicts qu'à la loi et aux principes de justice et d'équité et à respecter les droits des parties et leur favoriser toutes les conditions d'un procès équitable.» Dans une autre affaire, le rédacteur en chef du quotidien Akhbar al-Yaoum, Soulaiman Raissouni, soupçonné d'agression sexuelle, a affronté des accusations circonstanciées, publiées sur Facebook par un militant pour les droits des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans). Ce dernier, lui aussi, a été confronté à l'indifférence des ONG, dont Amnesty.