«Il s'agit de ma dignité d'être humain et de femme». C'est ainsi que résume Hafsa Boutahar l'affaire qu'elle a portée devant la justice contre son violeur présumé, Omar Radi. Les détails. Dans un témoignage livré hier mardi 18 août à notre confrère Le360, Hafsa Boutahar révèle les dessous de la plainte pour viol qu'elle a déposée à l'encontre de Omar Radi. D'après ses déclarations, les faits s'étaient déroulés dans la villa située à Casa Green Town, dans la périphérie casablancaise, qui fait à la fois office de lieu d'habitation du patron du Desk et de salle de rédaction. La plaignante y travaille et affirme s'être toujours comporté, en toute neutralité avec Omar Radi qu'elle dit considérer comme un collègue et rien de plus. Le 12 juillet, tout va changer. «Ce jour-là, Radi est arrivé, il était joyeux et ivre», raconte la plaignante. Elle ajoute qu'après lui avoir demandé de lui ramener une guitare pour mettre de l'ambiance, il l'avait suivie dans les escaliers. «Il se montrait pressant et j'ai fait en sorte de l'esquiver et de le repousser», précise-t-elle. Et d'ajouter : «Omar Radi redescend, et joue de la guitare». Le360 souligne avoir visionnée la vidéo qui immortalise ce moment. Les choses ne s'arrêtent pas là, d'après le récit de H. Boutahar reproduit ci-après avec les commentaires du 360 qui l'a interrogée : «Ils sont ensuite descendus au sous-sol pour travailler», se souvient Hafsa Boutahar qui, quant à elle, s'installe pour la nuit sur un canapé dans le salon, car sa «chambre habituelle est alors occupée par un invité de la famille». Lorsqu'ils remontent du sous-sol, Hafsa Boutahar dit être au téléphone, en appel vidéo avec son fiancé qui se trouve à San Francisco. Omar Radi s'allonge alors sur un canapé, et Imad Stitou (un journaliste arabophone du Desk) sur un autre canapé. Le temps passe et la jeune femme, toujours au téléphone, affirme avoir entendu des ronflements. «Pendant que je parlais à mon fiancé, j'entends Omar, que je pensais endormi, me dire que je suis belle», se souvient la jeune femme. Elle lui répond par des émoticônes, via son smartphone, en guise de remerciement à son compliment. Puis, Omar Radi lui envoie un message: «je viens ou tu viens?», ce à quoi elle lui répond de venir une fois qu'elle aura terminé sa conversation. «Je pensais qu'il voulait discuter, c'est tout», soutient-elle, catégorique, bien consciente que ses détracteurs pourraient voir dans ce message, publié par les soutiens de Omar Radi sur Twitter, une invitation à la rejoindre au lit, comme cela a été avancé par certains. Rapport consenti ? Y a-t-il eu un rapport sexuel entre Omar Radi et Hafsa Boutahar ce soir-là? La réponse est oui, les deux parties s'accordent là-dessus. En revanche, les versions divergent quant au déroulement des faits et surtout quant à la notion du consentement. L'enquête étant toujours en cours, il nous est impossible de relayer la version apportée par Omar Radi lors de son interrogatoire, mais ce qui en résulte toutefois, c'est que celui-ci argue que le rapport sexuel était consenti. De son côté, Hafsa Boutahar affirme le contraire. «Il s'est jeté sur moi. Il portait un tee-shirt, et rien en bas. Il s'est mis à me toucher partout. J'ai essayé de lui parler, de le dissuader. Je me disais que c'était impossible qu'il tente une chose pareille avec tout ce qui lui arrivait, il fallait être fou pour oser faire ça, alors qu'il avait les flics sur le dos. Je me suis dis qu'il n'était pas dans son état normal, qu'il avait trop bu... Il était brutal, il me reniflait comme un animal sauvage qui a attrapé une proie», se souvient-elle, décrivant en partie la scène, livrant quelques détails scabreux, s'arrêtant quand l'émotion la submergeait. Il est 2 heures du matin, et la jeune femme, pendant cet acte qu'elle décrit comme un viol, bascule dans un état de semi-conscience, sous le choc, alors que son visiteur la pénètre de force. Elle dit avoir repris ses esprits quand celui-ci lui dit: «laisse-toi faire, je vais appeler Imad pour qu'on fasse un plan à trois». Imad Stitou, pense-t-elle, est endormi, car à aucun moment il n'a bougé pendant l'acte, bien que celui-ci ait déclaré aux autorités «qu'il était bien éveillé, qu'il regardait la scène et qu'il a affirmé que la relation était consentie», nous explique la jeune femme. «Je me suis débattue de toutes mes forces et j'ai réussi à me dégager de son emprise», poursuit-elle, avant de courir se «réfugier pendant près d'une heure dans les toilettes», où elle a tenté d'appeler son fiancé, qui ne lui a pas répondu. «J'ai pleuré, j'ai réfléchi, j'ai essayé de reprendre mes esprits», poursuit-elle avant d'aller «dans la cuisine» puis de «retourner sur le canapé», après s'être assurée que les deux hommes dormaient. Elle parvient à s'endormir un peu au petit matin et lorsqu'elle se réveille, les deux hommes sont partis. Elle a croisé Omar Radi un peu plus tard dans la même journée et a difficilement caché sa colère, nous explique-t-elle. Colère qui s'est renforcée quand elle a appris de la part d'amis que Omar Radi s'était vanté trois jours après les faits, alors qu'il était dans un bar Une autre victime ? Hafsa Boutahar a révélé au 360 avoir été contactée, suite à la médiatisation de l'affaire, par une jeune femme qui aurait, elle aussi, été victime du duo. «Elle m'a affirmé que Omar Radi et Imad Stitou avaient pour habitude de pratiquer des relations sexuelles à trois, et que je n'étais pas seule à avoir subi cela de force», déclare la plaignante qui devra confronter son violeur présumé le 22 septembre, date de la première audience.