Une missive du parti de l'Istiqlal évoque un rapport de l'Union européenne qui assure qu'une fraude massive est organisée sur l'aide accordée aux réfugiés de Tindouf, orchestrée par l'Algérie. L'Istiqlal (Parti de l'indépendance, opposition), a lancé l'offensive sur le terrain parlementaire contre le Polisario et l'Algérie. Dans une missive adressée au président du Parlement européen, David Sassoli, le PI évoque un rapport daté de 2007 et exhumé en 2015, rédigé par l'Office anti-fraude de l'Union européenne (UE), qui pointe un détournement bien organisé depuis des années de l'aide humanitaire accordée aux réfugiés sahraouis des camps de Tindouf en Algérie. «Nous sommes troublés par ces révélations» a écrit le parti dans la massive signée par Nourdine Moudian, président du groupe de l'Istiqlal. Ce rapport, explosif et que mentionne le Maroc dans ses correspondances aux entités internationales, se fonde sur les résultats d'une enquête menée depuis 2003. Il détaille de très lourdes accusations et cite les noms des personnes soupçonnées d'être les instigatrices de ces détournements, qui commencent dans le port algérien d'Oran où est opéré le tri entre «ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné». Interrogée début 2015 au Parlement européen sur ce texte, la commissaire européenne au Budget de l'époque, Kristalina Georgieva, a reconnu que l'Union européenne n'avait pas jugé nécessaire de suspendre son aide et avait continué à allouer annuellement 10 millions d'euros pour les réfugiés des camps de Tindouf, dirigés d'une main de fer par le Front Polisario, malgré des informations réitérées sur un probable détournement de ces aides. Ce rapport a été dans les oubliettes pendant sept ans. Mme Georgieva a expliqué qu'une demande de consultation avait été refusée en 2010, et que seule l'intervention expresse du médiateur européen en 2014 a permis de l'obtenir. «Une des raisons qui ont rendu ces détournements possibles est la surestimation du nombre des réfugiés et donc des aides fournies», a indiqué l'office anti-fraude dans son rapport. L'UE soutient financièrement les camps de Tindouf depuis 1975, sur la base d'une population évaluée par les autorités algériennes à 156 000 personnes. «Ni l'Algérie ni le Front Polisario n'ont accepté qu'un recensement des populations des camps soit organisé», pointe l'OLAF qui est toutefois intervenu pour ramener l'estimation du nombre des réfugiés à 90 000. Dans sa lettre; le PI pointe l'instrumentalisation de cette question à des fins de politique intérieure, qui affecte les impératifs de bonnes relations de voisinage. L'état-major algérien doit assumer ses engagements dans ce conflit, écrit le parti. En effet, plusieurs analystes ont souligné «l'aspect caractéristique de l'exemple de ces aides, qui réside dans l'extrême complaisance des donateurs face au régime algérien, qui alimente l'économie politique du conflit, ce qui ne fait que fragiliser et détériorer la situation.» Un sujet source d'obscurités et de non-dits L'enquête européenne a, en outre, évoqué que «ce sont des prisonniers, de guerre ou civils, qui sont utilisés pour la manutention de l'aide et la construction de bâtiments financés par l'aide internationale». L'atmosphère des camps, surtout, est devenue de plus en plus étouffante, des dissensions intervenues au sein du Bureau politique du Polisario ont installé un climat de suspicion, et même de peur et de défiance. Un sentiment de frustration énorme a été détecté chez les habitants des campements, se traduisant par des emprisonnements et des tortures et parfois par des assassinats et des enlèvements. L'enquête européenne a également révélé que des aliments de bonne qualité destinés aux réfugiés, comme du blé canadien, «sont remplacés par leur équivalent de qualité moindre pour être revendus», et que «les produits d'un élevage de volailles financé par l'aide internationale sont vendus et non donnés aux réfugiés». En substance, l'Istiqlal affirme que «l'aide humanitaire doit viser en principe à soulager les souffrances et à soutenir des populations très vulnérables, parfois en danger de mort. On s'attend donc à ce qu'elle réponde aux finalités observées dans les situations de crise. À l'épreuve du terrain, il s'avère cependant que, dans bien des cas, elle n'a pour principal but que satisfaire certains bénéficiaires.» Alors que les efforts de médiation de l'ONU pour une résolution définitive du conflit sont dans l'impasse, le Maroc propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté, soutenu par les chancelleries occidentales, alors que le Polisario et l'Algérie réclament un référendum d'autodétermination, jugé irréalisable et fantaisiste. Construction de routes, investissements massifs, aménagement des villes et des ports, création de parcs industriels, liaisons aériennes, ambassades, le Maroc a accéléré le développement économique du Sahara, en attendant un règlement politique sur le statut qui respecte les réalités historiques. Il est à rappeler que l'Algérie a exclu de contracter des prêts auprès du Fonds monétaire international (FMI) et des organismes financiers internationaux malgré la crise financière qui guette le pays en raison de l'affaiblissement des cours du pétrole et du déficit qui s'accentue, considéré parmi les plus élevés de la région. Le président Abdelmadjid Tebboune a affirmé dans une hallucinante déclaration «préférer emprunter auprès des Algériens que d'aller vers le Fonds monétaire international -FMI ou d'autres banques étrangères» car «lorsque nous empruntons auprès de banques étrangères, on ne peut parler ni de la Palestine ni du Sahara», deux «causes chères», à Alger, a-t-il allégué.