Dans un silence de plomb, la dépouille de la juge Ruth Bader Ginsburg est arrivée, mercredi, à la Cour suprême des États-Unis, à Washington, pour des hommages officiels dont la solennité est brouillée par l'intense bataille pour sa succession. Les hommages officiels ont commencé, mercredi 23 septembre, à la Cour suprême des États-Unis où la dépouille de la juge Ruth Bader Ginsburg est arrivée. Le décès de la magistrate vendredi, à moins de deux mois de la présidentielle américaine, est vécu comme une « tragédie » par de nombreux Américains, comme Heather Vandergriff, venue exprès du Tennessee pour saluer une dernière fois cette « championne des droits des femmes ». Le président Donald Trump a engagé au pas de course le processus pour la remplacer et ancrer durablement la haute cour dans le conservatisme, ce qui pourrait profondément modifier la société américaine. Le cercueil de la juge, drapée dans la bannière étoilée, a fait son arrivée dans l'imposant bâtiment de marbre blanc à Washington, dans un climat de déférence. Ruth Bader Ginsburg est morte à 87 ans des suites d'un cancer, après avoir siégé pendant 27 ans à la Cour suprême des États-Unis, où elle a défendu les droits des femmes, des homosexuels, des migrants, ou encore l'environnement. Sa dépouille sera exposée pendant deux jours à l'entrée de ce bâtiment néoclassique, sur le catafalque de l'ancien président Abraham Lincoln. Les Américains pourront lui faire leurs adieux, avant un hommage national vendredi au Capitole voisin. Elle sera inhumée dans l'intimité la semaine prochaine au cimetière national d'Arlington, près de Washington. « Ne pas être remplacée tant qu'un nouveau président n'aura pas prêté serment » La Maison Blanche a annoncé que Donald Trump se rendrait jeudi devant son cercueil. Le temps du recueillement sera à peine passé – et « RBG » même pas encore enterrée – quand le président républicain annoncera samedi après-midi le nom de sa remplaçante potentielle, une conservatrice, qui permettrait au temple du droit américain de sérieusement pencher à droite. À 40 jours de l'élection, les sénateurs républicains entendent se dépêcher pour voter la confirmation de cette magistrate, alors même que, selon la petite-fille de « RBG », sa dernière volonté était de « ne pas être remplacée tant qu'un nouveau président n'aura pas prêté serment », en janvier 2021. Des déclarations mises en doute par Donald Trump, qui a estimé qu'elles ressemblaient à un communiqué écrit par ses adversaires démocrates. Mais d'ici samedi, c'est le temps de l'unité nationale qui va, tant bien que mal, tenter de prévaloir. Devant la Cour suprême, l'atmosphère était également au recueillement. À l'arrivée du cercueil, le murmure de la foule s'est éteint. Une rare voix forte a été priée de se taire. Aujourd'hui, pas de bannières ni de mots d'ordre politique, le public a opté pour des vêtements, sombres, des t-shirts à l'effigie de la juge, une couronne pour cette « reine ».