Le président français doit rester quelques heures à Bagdad avec l'objectif d'aider le pays à renforcer sa « souveraineté », entre les rivaux iraniens et américains. Le président français, Emmanuel Macron, est arrivé mercredi 2 septembre à Bagdad pour sa première visite en Irak, avec l'intention d'aider le pays à affirmer «sa souveraineté» à l'écart des vives tensions entre ses deux alliés, les Etats-Unis et l'Iran. En provenance de Beyrouth, le chef de l'Etat va passer seulement quelques heures dans la capitale irakienne, où il sera reçu par les principaux responsables du pays. Il est le premier chef d'Etat étranger à se rendre en Irak depuis la nomination, en mai, d'un nouveau premier ministre, Moustafa Al-Kazimi. M. Macron a annoncé mardi soir qu'il lancerait à Bagdad, «en lien avec les Nations unies, une initiative pour accompagner une démarche de souveraineté». Ce « combat pour la souveraineté de l'Irak est essentiel », pour permettre à « ce peuple et ce pays qui ont tant souffert » de « ne pas céder à la fatalité, qui serait la domination par les puissances régionales et par le terrorisme islamiste », avait-il expliqué vendredi à Paris. « Il y a des dirigeants et un peuple qui sont conscients de cela et qui veulent prendre leur destin en main. Le rôle de la France est de les y aider », avait-il ajouté. L'Irak est pris en étau depuis des années entre ses deux partenaires les plus influents, les Etats-Unis et l'Iran, une position qui est devenue encore plus difficile à tenir à partir de 2018 avec la campagne de «pression maximale» exercée par les Etats-Unis de Donald Trump contre l'Iran. Un appel à la «désescalade» Le pays, qui a vu l'émergence l'an dernier d'un puissant mouvement de contestation populaire, est aussi confronté à une conjoncture économique délicate. Deuxième plus important producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), il a été fortement touché par la chute des prix du pétrole, et la pandémie de Covid-19 a encore aggravé les difficultés. A Bagdad, le message d'Emmanuel Macron devrait faire écho à celui de son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, qui avait souligné, lors d'une visite en juillet, la nécessité pour l'Irak de «se dissocier des tensions de son voisinage». Le 27 août, la ministre des armées française, Florence Parly, a elle aussi mené des entretiens à Bagdad et Erbil, capitale de la région kurde (nord), rappelant notamment l'importance de poursuivre la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI). «Nous sommes convaincus que le combat contre Daech [acronyme arabe de l'EI] n'est pas terminé. Nous sommes à vos côtés», avait-elle déclaré. En janvier, Emmanuel Macron avait appelé à «la désescalade» après la mort d'un puissant général iranien, Ghassem Soleïmani, et de son lieutenant irakien dans une frappe de drone américain à Bagdad. L'Iran avait répondu par des frappes contre les troupes américaines présentes dans l'ouest de l'Irak. Interrogé mardi à Beyrouth sur la présence de djihadistes présumés français emprisonnés en Irak, Emmanuel Macron a réaffirmé que ceux qui «font le choix libre d'aller combattre sur des théâtres extérieurs et se rendent coupables d'actes terroristes dans un Etat souverain» ont vocation à «être judiciarisés dans cet Etat». Sur les 150 Français arrêtés pour avoir appartenu au groupe Etat islamique (EI), la quasi-totalité sont détenus dans les camps et prisons sommaires des Kurdes du nord-est de la Syrie. Et 11 Français sont détenus en Irak, où ils ont été condamnés à mort.